Robertine Barry (La Patrie) réclame dans une de ses Chroniques du lundi l’accès des femmes aux études universitaires : « Patience, pourtant cela viendra. Je rêve mieux encore, je rêve, tout bas, que les générations futures voient un jour, dans ce XXe siècle qu’on a déjà nommé le siècle de la femme, qu’elles voient, dis-je, des chaires universitaires occupées par des femmes ».
Après avoir été parmi la cohorte des huit premières étudiantes admises à l’Université McGill en 1884, Carrie Derick est la première femme à y obtenir un diplôme en botanique. Elle sera également la première femme à enseigner dans cette université en 1912. À la présidence du Montreal Local Council of Women de 1907 à 1911, puis comme première présidente de la Montreal Suffrage Association, créée en 1912, Carrie Derick milite activement pour le droit de vote des femmes au fédéral.
Deux inspectrices, Louisa King et Louise D. Provencher, se joignent aux deux inspecteurs qui font appliquer la loi québécoise des établissements industriels à Montréal, ce qui représente pour l’époque un précédent remarquable
Fondation de l’hôpital des Incurables qui deviendra l’Hôpital du Sacré-Cœur par Georgiane et Léontine Généreux et Aglaée Laberge.
Fondation par Lady Aberdeen du Victorian Order of Nurses de Montréal qui offre des soins à domicile et communautaires pour les personnes en situation de précarité ou n’ayant pas accès à des établissements de santé.

Wm. Notman & Son, Montréal, 1894
Source : Musée McCord, II-105877
© Musée McCord, Montréal
Une première école d’infirmière francophone laïque est fondée par Élodie Mailloux des Sœurs de la Charité (Sœurs grises) à l’Hôpital Notre Dame de Montréal. Grâce à cette école, qui accueille ses premières étudiantes l’année suivante, les Sœurs Grises amorcent la professionnalisation des soins infirmiers.
Diplômée du Collège des dentistes du Québec, Emma Gaudreau Casgrain est considérée comme la première femme à exercer la profession de dentiste au Canada.
Pionnière des lettres canadiennes-françaises, Gaëtane de Montreuil, pseudonyme de Géorgina Bélanger, devient la première journaliste responsable de la page féminine dans La Presse. Elle fonde en 1913 la revue Pour vous Mesdames qui sera publiée jusqu’en 1915.
Considérée comme l’une des grandes artistes du vaudeville québécois, Juliette Béliveau est présente sur la scène artistique québécoise pendant près de soixante-quinze ans. Elle fait ses débuts en 1899, à l’âge de dix ans, au Monument-National. À partir de 1930, Juliette Béliveau est de la distribution de nombreux feuilletons radiophoniques et, à partir de 1953, de celle de plusieurs téléromans. Elle participe également à presque toutes les premières productions du cinéma québécois. Pionnière de l’humour au féminin, ses blagues sur la vie quotidienne des femmes ouvrent la voie à l’avènement d’un humour féministe.
Amendement de la Loi de l’instruction publique pour interdire aux femmes de voter aux élections scolaires et de se présenter à un poste de commissaire. Cette loi est votée en réaction à la tentative d’un groupe de féministes de faire élire une femme au Protestant Board of School Commissioners. Les femmes devront attendre jusqu’en 1942 pour retrouver leurs droits.
Ouverture du Royal Victoria College à Montréal, un collège réservé aux femmes. Elles y suivent les cours de première et de deuxième année universitaires.
L’école normale Jacques-Cartier, fondée à Montréal en 1857, accueille un premier groupe d’étudiantes.
À titre de femme collaboratrice de son mari, Dorimène Desjardins est associée à la fondation de la première Caisse Populaire Desjardins à Lévis le 6 décembre 1900. Elle y travaille, tient la comptabilité et assure l’accueil à la clientèle. Entre 1903 et 1906, Dorimène Desjardins en assume de façon officieuse la gérance. Après la mort d’Alphonse Desjardins en 1920, elle continue d’exercer son influence pour que le développement des Caisses populaires se fasse selon les principes mis de l’avant par son mari.
Florence Hendry, employée de Bell Téléphone, organise la première formation dispensée à des téléphonistes en Amérique du Nord.
Embauchées dans le domaine de la téléphonie depuis 1880, les jeunes filles sont maintenant recrutées par les entreprises pour des postes de dactylos ou de commis à l’écriture. Elles doivent maîtriser l’anglais, la langue des affaires de l’époque.
Harriet Brooks devient la première femme à obtenir un diplôme d’études supérieures d’une université canadienne (Université McGill) en électromagnétisme. Première physicienne nucléaire du Canada, elle travaille dans le laboratoire d’Ernest Rutherford à l’Université McGill à partir de 1903. Sa contribution est jugée essentielle à l’élaboration de la théorie de la radioactivité pour laquelle Rutherford recevra le prix Nobel. Dans son hommage posthume, Rutherford qualifie Harriet Brooks de « femme physicienne la plus éminente du département de radioactivité », aux côtés de Marie Curie.
Le Club des femmes de couleur de Montréal, le Coloured Women’s Club, est fondé dans le quartier Saint-Antoine (la Petite-Bourgogne d’aujourd’hui) à l’initiative de sept Noires américaines dont les maris cheminots travaillent comme porteurs de bagages ou préposés aux voitures-lits. Le club est l’une des premières organisations de femmes au Québec. Il est fondé pour aider les femmes noires, qui travaillent comme domestiques ou ouvrières, à se regrouper et à faire face à la pauvreté et à l’exclusion sociale qui sont leur lot quotidien. Sous la gouverne de leur toute première présidente, Anne Greenup, le club est rapidement passé du statut de club social à celui d’organisation d’entraide dans un milieu hostile aux personnes d’ascendance africaine et où les défis de la survie quotidienne sont omniprésents et les perspectives pour un avenir meilleur pratiquement nulles.
Création du Comité des dames patronnesses de la Société Saint-Jean-Baptiste, premier lieu francophone où seront formulées des revendications collectives pour l’amélioration de la situation des femmes québécoises, par Joséphine Marchand-Dandurand, Caroline Dessaulles-Béique, Marie Lacoste-Gérin-Lajoie, et Marguerite Thibaudeau.
https://histoiredesfemmes.quebec/pdf/Marchand.pdf
https://histoiredesfemmes.quebec/pdf/Beique.pdf
Robertine Barry (1863-1910) fonde la première revue entièrement destinée aux femmes, le Journal de Françoise, publication bimensuelle qui sera publiée jusqu’en 1909.
Publication par Marie Lacoste Gérin-Lajoie d’un ouvrage de vulgarisation du droit civil et constitutionnel, Traité de Droit usuel, pour aider les femmes à comprendre leurs droits et obligations. Elle publiera également La communauté légale (1927) et La femme et le Code civil (1929). Juriste autodidacte et réformiste sociale, Marie Lacoste Gérin-Lajoie est la première femme à obtenir une charge d’enseignement à la faculté de droit de l’Université Laval à Montréal. Ardente militante pour l’obtention du suffrage des femmes au Québec, elle cofonde, en 1907, la Fédération nationale Saint-Jean Baptiste et participe à la création du Comité provincial pour le suffrage féminin en 1922. En 1998, Marie Lacoste Gérin-Lajoie a été désignée comme « personnage historique d’importance nationale » par le ministère du Patrimoine canadien.
Adeline Ashini est issue du village de Moisie à Sept-Îles. Sage-femme innue reconnue par les familles uashaunnuats de la Côte-Nord, elle a œuvré à la transmission des us et coutumes de sa nation, notamment au sein de la réserve Uashat (Grande Baie) mak (et) Mani-Utenam.

Après Emma Albani, Béatrice La Palme est la seconde soprano québécoise à faire ses débuts au Covent Garden de Londres. Rapidement reconnue sur les scènes lyriques européennes et américaines pour la qualité et l’étendue de sa voix, Béatrice La Palme débute à l’Opéra-Comique de Paris en 1905, où elle tient de nombreux rôles pendant quatre ans. De retour à Montréal en 1914, en raison de l’incertitude créée par la Première Guerre mondiale, elle se consacre à l’enseignement au studio qu’elle et son mari, le ténor français Salvator Issaurel, ont ouvert dans la métropole en 1911
Diplômée de l’Université Saint-Paul au Minnesota, Irma Levasseur obtient, grâce à un projet de loi privé, son admission au Collège des médecins et chirurgiens du Québec. Première femme à pratiquer la médecine au Québec, après des études de perfectionnement à Paris, elle se consacre à la pédiatrie qui n’est pas alors une spécialisation reconnue au Québec. Elle est à l’origine de la fondation de l’Hôpital Sainte-Justine de Montréal en 1908 et de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus de Québec en 1923.
Eva Circé-Côté est chargée d’établir la Bibliothèque technique de Montréal qui deviendra, en 1917, la Bibliothèque municipale dont elle sera la bibliothécaire adjointe jusqu’à sa mise à la retraite forcée en 1932. Elle fonde, en 1908, un lycée laïc pour jeunes filles qui devra fermer deux ans plus tard en raison de l’opposition du clergé. Sous divers pseudonymes, dont ceux de Colombine, Arthur Maheu, Fantasio ou encore Julien Saint-Michel, elle publie de 1916 à 1938 de très nombreuses chroniques dans une dizaine de journaux dans lesquelles, libre-penseure, progressiste et laïque, elle revendique le droit de vote pour les femmes, l’éducation obligatoire et l’amélioration des conditions de vie des travailleuses.
Création du Canadian Women’s Press Club par seize journalistes canadiennes, dont Robertine Barry, pour encourager le développement professionnel de jeunes femmes journalistes et promouvoir l’égalité des femmes. En 1971, le Club ouvre ses portes aux hommes et devient le Club Média du Canada.
Marie Sirois est la première femme diplômée d’une université francophone au Québec. L’Université Laval refuse cependant qu’elle assiste à la collation des grades pour y recevoir son certificat en littérature.
Modification de l’article 1301 du Code civil qui donne à l’épouse la possibilité d’établir certains contrats.
Après deux années d’études à Paris, à l’âge de vingt-deux ans, la soprano montréalaise Pauline Donalda, née Pauline Lightsone, fait ses débuts à l’opéra dans le rôle-titre de Manon de Jules Massenet, au Casino municipal de Nice, en présence dudit compositeur. Au cours de sa carrière, Donalda tiendra plusieurs rôles dans de grandes maisons d’opéra européennes et américaines. À sa retraite de la scène en 1922, elle ouvre un studio d’enseignement d’art vocal à Paris, puis à Montréal où elle s’établit en 1937 pour fuir l’avancée nazie. En 1941, elle fonde l’Opéra Guild de Montréal, organisme voué à la promotion de l’opéra, qu’elle dirige jusqu’en 1969.

Wm. Notman & Son, Lac-Saint-Jean, vers 1906
Source : Musée McCord, VIEW-4037
© Musée McCord, Montréal
Fondation de l’École ménagère provinciale de Montréal par Jeanne Anctil et Marie Lacoste-Gérin-Lajoie de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste.
Une première Gouttes de lait est fondée à Québec à l’initiative des Sœurs du Bon-Pasteur et du Dr René Fortier, premier professeur de pédiatrie à la Faculté de médecine de l’Université Laval. L’organisme distribue du lait de vache salubre et prodigue des conseils aux nouvelles mères concernant l’allaitement maternel et l’allaitement artificiel pour prévenir les maladies et la mortalité infantiles.
Ayant déjà été mobilisées lors de la guerre des Boers (1898-1902), les infirmières sont admises dans les Forces armées canadiennes.
L’Association professionnelle des demoiselles de magasin, s’affilie à la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste, tout comme l’Association professionnelle des employées de bureau, l’Association professionnelle des employées de manufactures, l’Association des femmes d’affaires et l’Association des aides-maternelles. Ces nouvelles associations réunissent les employées des divers secteurs économiques qui emploient des femmes dans l’intention d’améliorer leurs conditions de travail et de défendre leurs intérêts. Elles bénéficient au sein de la Fédération d’un bureau de placement qui offre gratuitement ses services à leurs membres et aux employeurs.
À l’initiative de Marie Lacoste-Gérin-Lajoie et de Caroline Béique, le Comité des dames patronnesses de la Société Saint-Jean-Baptiste devient la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste, reconnue comme la première organisation féministe catholique du Québec. Selon ses statuts, la Fédération a pour objectif de regrouper les Canadiennes françaises catholiques afin de consolider leurs actions auprès des familles et dans la société.
Pour contrer la mortalité infantile qui représente un véritable fléau à l’époque, Justine Lacoste-Beaubien, inspirée et appuyée par Irma Levasseur, fonde l’Hôpital Sainte-Justine dont elle sera la présidente du conseil d’administration pendant près de 60 ans. Les premiers locaux de l’hôpital seront installés dans une maison privée de la rue Saint-Denis. Incorporé en 1908, l’hôpital occupe son site actuel depuis 1957. Pour être en mesure de gérer efficacement l’hôpital, elle doit demander à l’Assemblée nationale que les femmes mariées, membres du comité de l’hôpital, soient relevées de leur incapacité juridique.
Fondation de la School of Household Science sur le campus MacDonald de l’Université McGill.
L’Association canadienne nationale des infirmières diplômée, la Canadian National Association of Trained Nurses est créée, sous l’égide de Mary Agnes Snively, infirmière en chef du Toronto General Hospital, par les représentantes de 16 associations d’infirmières avec l’intention d’obtenir un statut professionnel et d’améliorer les programmes de formation.
L’Association professionnelle des employées de manufacture organise une fête du travail féminin qui réunit plus de 12 000 femmes. Cette célébration est reprise jusqu’en 1913.

Black & Bennet, Montréal, 1914-1918
Source : Musée McCord, MP-0000.2082.6
© Musée McCord, Montréal
Grève des ouvriers et des ouvrières de la filature Sainte-Anne de la Dominion Textile à Montréal. Les femmes représentent les deux tiers des syndiqués en grève.
Native de la Biélorussie, la poète Ida Maze arrive à Montréal avec sa famille à l’âge de seize ans. Très active au sein de la communauté yiddish de Montréal, on la surnomme la « mère des écrivains yiddish montréalais » en raison du soutien appuyé qu’elle leur fournit en les aidant, les jeunes poètes en particulier, à publier leurs œuvres ou à trouver un emploi. Sa maison est un lieu de rencontre important pour les poètes et les peintres juifs impécunieux, de même que pour les réfugiés démunis, qui y trouvent réconfort intellectuel et matériel. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, elle se chargera d’obtenir des visas d’entrée pour les écrivains et les dirigeants culturels juifs qu’elle aidera à s’installer à Montréal.
Mère Sainte-Anne-Marie, née Marie-Aveline Bengle, obtient finalement l’accord des autorités religieuses pour ouvrir un premier collège classique féminin, l’École d’enseignement supérieur pour jeunes filles. La première diplômée sera la fille de Marie Lacoste-Gérin-Lajoie, Marie Gérin-Lajoie en 1911. Il faudra attendre 1952 pour que le Collège reçoive une première subvention publique. À partir de 1926, l’École est connue sous le nom de Collège Marguerite-Bourgeoys.

N. M. Hinshelwood, Québec, 1901
Source : Musée McCord, MP-1985.31.181
© Musée McCord, Montréal
Fondation de la Société des aides ménagères qui réunit patronnes et employées dans l’intention d’améliorer les conditions de travail du service domestique et d’établir des relations de travail véritablement « chrétiennes ».
Le Code criminel est modifié afin d’interdire l’enlèvement des femmes. Antérieurement, l’enlèvement d’une femme de plus 16 ans qui n’était pas héritière n’était pas sanctionné par la loi.
Pendant près de quarante ans, plus d’une centaine d’infirmières spécialisées en hygiène publique, mieux connues sous le nom de gardes de la Métropolitaine (1909-1953), du nom de la compagnie d’assurance vie qui les embauchait pour réduire le taux de mortalité chez ses assuré·e·s, sillonnent le Québec, plus particulièrement les rues de Montréal, et dispensent gratuitement des soins à domicile à la clientèle ouvrière de la Compagnie.
Marie Vézina, engagée au bureau de l’Orateur (actuel président de l’Assemblée nationale), est la première femme secrétaire de la fonction publique québécoise.
La chimiste Annie Macleod est la première femme à obtenir un Ph.D. de l’Université McGill.
Ouverture des premières Gouttes de lait à Montréal dans différents quartiers de la ville pour favoriser l’éducation à l’hygiène et freiner le taux élevé de mortalité infantile.
La journaliste et écrivaine Léonise Valois, qui signait sous le pseudonyme Atala, publie Fleurs sauvages. C’est le premier recueil québécois entièrement consacré à la poésie et écrit par une femme. Pionnière du journalisme féminin, elle écrit au cours de sa vie plus de 200 chroniques dans différents journaux, dont le Monde illustré, la Presse, le Journal de Françoise et La patrie, dans lesquelles elle aborde des sujets comme le célibat, le féminisme, la nécessité de l’instruction pour les femmes, l’égalité à l’intérieur du mariage, l’accès à l’autonomie et la situation des enseignantes.
La durée maximale des heures consacrées au travail par les femmes dans l’industrie du textile est réduite de 60 à 58 heures par semaine.
Création de l’University Settlement of Montreal, par des femmes diplômées de l’Université McGill, afin de mettre des universitaires en contact avec des bénévoles et des citoyens et citoyennes en situation de pauvreté ou d’exclusion sociale.
Cantatrice connue au Québec et à l’étranger, Marie-Claire Adine Fafard-Drolet fonde le premier conservatoire de musique de Québec, aussi connu sous le nom de Conservatoire Fafard-Drolet. Il s’agit du premier établissement de ce genre au Québec.
Pianiste de concert et professeure, Clotilde Coulombe (1892-1985), est la première récipiendaire du Prix d’Europe de l’Académie de musique du Québec, prestigieux concours de musique classique voué à soutenir le perfectionnement des jeunes musiciennes et musiciens québécois en les encourageant à poursuivre des études à l’extérieur du Québec. Pendant son séjour en France, Clotilde Coulombe étudiera le piano avec Alfred Cortot et Alfred Casella.
Arrestation de 223 suffragettes qui tentent de s’introduire au Parlement à Ottawa afin de manifester pour l’obtention du droit de vote des femmes.
Originaire de Saint-Hyacinthe, Henriettte Dessaulles est la journaliste la plus connue de son époque. Pendant plusieurs années, à la suite de la mort de son époux en 1897, elle publie sous différents pseudonymes de nombreux papiers dans les journaux de l’époque, notamment Le Journal de Françoise, Le Canada, La Patrie, Le Nationaliste. Au moment de la fondation du journal Le Devoir en 1910, avec le soutien de son cousin Henri Bourassa, elle inaugure, sous le pseudonyme de Fadette, héroïne du roman La petite Fadette de George Sand, une chronique hebdomadaire intitulée « Lettre à Fadette », qu’elle tient jusqu’à sa mort en 1946 et qui lui procure une grande notoriété. Dans les quelque mille sept cents textes qu’elle y écrit, sans s’identifier aux suffragettes, elle souhaite donner aux femmes des outils pour mieux s’adapter aux difficultés auxquelles elles sont confrontées dans leur rôle traditionnel et les invite à penser par elles-mêmes.
Fille de la pionnière féministe Marie Lacoste-Gérin-Lajoie, Marie Gérin-Lajoie est la première diplômée de l’École d’enseignement supérieur pour jeunes filles de l’Université Laval à Montréal. Inaugurant une situation qui se répétera souvent par la suite, elle obtient la première place aux examens du baccalauréat. Son succès n’est cependant pas rendu public, car il aurait été embarrassant de reconnaitre qu’une jeune femme puisse surclasser les jeunes hommes. Après un séjour d’études à l’Université Columbia de New York en service social, elle fonde, en 1923, l’Institut Notre-Dame-du-Bon-Conseil afin de combattre les inégalités sociales et économiques et de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des femmes et des enfants des milieux défavorisés de Montréal. Forte de ses expériences, elle participe, en 1939, à la fondation de l’École de service social de l’Université de Montréal où elle dispensera des cours pendant plusieurs années.

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Une centaine de Guadeloupéennes et de Martiniquaises arrivent à Montréal pour travailler comme domestiques. Leur salaire est inférieur de moitié à celui des domestiques blanches. À partir de la fin du XIXe siècle, le recrutement d’aides-domestiques en maisons privées devient plus difficile en raison notamment des nouvelles opportunités d’emploi qui s’ouvrent aux Québécoises dans les manufactures, mais aussi dans les magasins et les bureaux. S’instaure alors progressivement une pratique d’embauche d’immigrantes provenant dans un premier temps de Grande-Bretagne, puis, au fil des décennies, d’Europe centrale, des Philippines et des Antilles.
Elizabeth Ann Beach fonde à Dunham (Montérégie) le premier Women’s Institute au Québec. Organisation féminine affiliée à la Federated Women’s Institutes of Canada dont les activités se déroulent principalement en milieu rural. Il s’agit du pendant anglophone des Cercles des fermières.
Création de l’Assistance maternelle par Caroline Leclerc-Hamilton dont l’objectif est de combattre la pauvreté des jeunes familles et la mortalité infantile. Caroline Leclerc-Hamilton a également fondé à Montréal la première goutte de lait francophone en 1901 et participé à la création, en 1907, de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste.

Wm. Notman & Son, Montréal, 1922
Source : Musée McCord, II-246720
© Musée McCord, Montréal
Carrie Derick (1862-1941), pionnière en génétique végétale à l’Université McGill, devient la première professeure titulaire d’une université canadienne en 1912. La même année, elle fonde la Montreal Suffrage Association avec l’objectif d’organiser la lutte pour l’obtention du droit de vote des femmes au fédéral. Carrie Derick est reconnue pour sa contribution au développement des études en génétique à l’Université McGill et comme militante féministe.
Sous le pseudonyme de Fleur d’ombre, Clara Lanctôt publie en 1912 un premier recueil de poésie, Visions d’aveugle, puis un second en 1930, Visions encloses. Clara Lanctôt devient aveugle à la suite d’une rougeole qu’elle contracte à l’âge de huit ans. Sa poésie approche le monde extérieur à travers les odeurs et les sons. En 1927, elle reçoit le prix de composition en poésie de la Société littéraire du Québec.
À l’initiative de Marie Lacoste-Gérin-Lajoie et de Caroline Béïque, la Fédération nationale Saint-Jean Baptiste entreprend la publication de La bonne parole afin de stimuler l’esprit patriotique des femmes canadiennes-françaises et de diffuser les idées du féminisme social catholique. Le tirage mensuel atteindra deux mille exemplaires et la revue est éditée jusqu’en 1958.
Annie MacDonald Langstaff devient la première diplômée de la Faculté de droit de l’Université McGill et la pionnière d’une longue lutte pour que les femmes obtiennent le droit d’exercer à titre d’avocate. Lutte qui ne se terminera qu’en 1942. Malgré le succès de son combat, Annie Langstaff ne sera jamais admise au Barreau, mais restera néanmoins active dans le domaine juridique tout au long de sa vie.
Un programme de formation commerciale est offert par l’Association des femmes d’affaires de Montréal. Édouard Montpetit, professeur de droit à l’Université de Montréal, y donnera trois des seize leçons, soit les leçons 1, 8 et 15.
Fondation de l’Association québécoise de la Goutte de lait par Frances Mathilde Barnard-Tessier afin de promouvoir l’éducation à l’hygiène et à l’alimentation pour lutter contre le taux élevé de mortalité infantile.

Annie G. McDougall, Drummondville, vers 1900
Source : Musée McCord, MP-1974.129.98
© Musée McCord, Montréal
Le premier Cercle des Fermières est créé dans la région de Chicoutimi par le ministère de l’Agriculture. Chez les anglophones, les Homemakers Clubs ont vu le jour en 1909. Les cercles des fermières seront florissants, malgré l’opposition des autorités religieuses qui auraient voulu que les cercles intègrent les organisations paroissiales et diocésaines.
Fondation de la Ligue des dames de l’Est qui regroupe les meilleures patineuses de Montréal. La Ligue connaît un succès commercial sans précédent, largement dû aux difficultés que rencontrent les clubs de hockey masculins durement touchés par l’absence de plusieurs de leurs joueurs et partisans en raison de la Grande Guerre. La Québécoise Agnès Vautier (1896-1976) s’illustre tout particulièrement au sein du Western de Montréal. Cette équipe demeure invaincue au cours de la saison 1917, mais disparaît comme la plupart des équipes féminines avec la fin de la guerre et la dissolution de la Ligue en 1920.
Modification du Code civil concernant la succession du mari : la femme devient héritière régulière pouvant partager la succession avec la famille du défunt. Loi amendant le Code civil relativement aux successions Statuts de la province de Québec, 1915, chapitre 74.
Les jeunes filles qui terminent leur cours lettres-sciences, au terme de quatre années d’études de niveau secondaire, se voient dorénavant décerner un certificat officiel de fin d’études de la part de l’Université Laval à Montréal. Dispensé dans les pensionnats pour jeunes filles jusque dans les années 1960, le cours lettres-sciences représente, pour la plupart d’entre elles, le niveau d’études le plus élevé qui leur est accessible.
L’écrivaine et militante en faveur des droits des femmes, Emily Murphy, devient la première femme juge municipale de l’Empire britannique. Elle sera, en 1928, à l’origine de l’affaire Personnes.
Journaliste à l’hebdomadaire des syndicats internationaux, Le monde ouvrier, dès sa fondation, Eva Circé-Côté (1871-1949) dénonce dans ses chroniques, sous le pseudonyme de Julien Saint-Michel, l’administration municipale, les injustices économiques et sociales, fait la promotion de la formation professionnelle pour les filles et les garçons, réclame le suffrage féminin, l’amélioration de la condition des femmes et fustige le racisme. Dans sa chronique du 25 août 1917, elle est la première au Québec à revendiquer un salaire égal pour un travail égal.
Création de l’Association des garde-malades enregistrées de la province de Québec (AGMEPQ). Cette association deviendra l’Ordre des infirmiers et infirmières du Québec (OIIQ) en 1973.
Les Canadiennes ayant un lien de parenté avec une personne servant ou ayant servi dans la marine ou les Forces armées canadiennes (épouse, veuve, mère, sœur ou fille) obtiennent le droit de vote aux élections fédérales. La même année, l’Ontario et la Colombie-Britannique accordent aux femmes le droit de voter aux élections provinciales.
Pour la première fois, à l’Université McGill, plus d’étudiantes que d’étudiants sont inscrites à la faculté des Arts.
Germaine Malépart reçoit le, Prix d’Europe. Elle sera la première récipiendaire de ce prix à poursuivre une carrière musicale qui durera toute sa vie. Après une carrière de concertiste qui la mène tant en France que dans plusieurs grandes villes canadiennes et américaines, elle se tourne, au début des années 1940, vers l’enseignement et devient professeure de piano à l’École Vincent-d’Indy et au Conservatoire de la Province de Québec.
Arrivée de sa Hongrie natale en 1911, Ida Roth Steinberg ouvre une première épicerie à Montréal sur la rue Saint-Laurent pour pourvoir aux besoins de ses six enfants qu’elle élève seule. Douée d’un sens aigu des affaires et soutenue par ses enfants, elle conduit son entreprise vers le succès. À sa mort en 1942, elle lègue à ceux-ci une entreprise florissante et en pleine expansion qui dominera le marché de l’alimentation au Québec jusqu’en 1992.
Première femme membre de la Société historique de Montréal en 1917, Marie Claire Daveluy (1880-1968) est reconnue comme la première écrivaine québécoise de littérature jeunesse. À titre d’historienne, elle se distingue par sa volonté à mettre en lumière le rôle historique des femmes. Pionnière de la bibliothéconomie au Québec, elle cofonde en 1937 l’École de bibliothécaires de l’Université de Montréal dont elle assume la direction générale de 1942 à 1952. Elle s’implique également dans la création de l’Association canadienne des bibliothécaires de langue française en 1942.
Toutes les Canadiennes âgées de 21 ans et plus « qui possèdent les qualités qui donneraient à une personne du sexe masculin le droit de voter » obtiennent le droit de vote au fédéral, en reconnaissance de leur participation à l’effort de guerre, en vertu de la Loi ayant pour objet de conférer le droit de suffrage aux femmes, S.C., 1918, ch. 20. Après 1925, seules les Québécoises seront privées du droit de vote au provincial.
Fondation de la Fédération des femmes canadiennes-françaises (FFCF) en Outaouais par l’Anglo-canadienne Almanda Walker-Marchand.
Fondation de l’École d’art lyrique par Jeanne Maubourg et Albert Roberval.
La Faculté de médecine de l’Université McGill ouvre ses portes aux femmes. Une des cinq premières diplômées de la Faculté, Jessie Boyd Scriver, termine deuxième au classement général de la promotion de 1922 et remporte la médaille d’or Wood pour l’excellence en médecine clinique. Première femme pédiatre à Montréal, elle est aussi la première femme à accéder à la présidence de la Société canadienne de pédiatrie en 1952.
Adoption d’un décret permettant aux femmes et aux filles de travailler la nuit dans les manufactures, justifié par la pénurie de main-d’œuvre durant la guerre. Le décret sera annulé en janvier 1919.
Anne-Marie Gleason-Huguenin (1875-1943), l’une des premières femmes journalistes au Québec, fonde La Revue moderne. En juin 1904, elle fait partie du groupe de seize femmes journalistes canadiennes sélectionnées pour couvrir l’Exposition universelle de Saint-Louis au Missouri. À la suite de cette expérience, elle participe à la création du Canadian Women’s Press Club.
Les Cercles de Fermières du Québec organisent leur premier Congrès provincial et créent la revue trimestrielle La bonne fermière.
L’Association syndicale féminine catholique des allumettières de Hull (ouvrières de l’usine d’allumettes) déclenche le premier conflit ouvrier québécois mettant en scène un premier syndicat de femmes. En dépit d’un lock-out imposé par la compagnie, les allumettières obtiennent gain de cause et se voient accorder des augmentations de salaire et de meilleures conditions de travail.
Adoption de la Loi du salaire minimum pour les femmes au Québec. La loi ne sera appliquée qu’à partir de 1928.
Léa Drolet (Mère Ste-Agnès-1889-1986) et Adelcie Kirouac (Mère Marie-des-Anges-1883-1967) sont les premières femmes à obtenir un baccalauréat ès arts à l’Université Laval de Québec. Religieuses de Jésus-Marie, elles sont cofondatrices, en 1925, du premier collège classique pour filles dans la région de Québec, le Collège Jésus-Marie de Sillery.
Henry Miles dépose un projet de loi pour demander l’admission des femmes à la profession d’avocate au Québec. Le projet est défait.
Pianiste et chanteuse, Albertine Morin-Labrecque, publie une Méthode de piano en deux volumes dont les deux importants tirages attestent d’un succès exceptionnel.
Syndicaliste, activiste politique et pianiste, Bella Hall Gauld fonde le Montreal Labor College, un centre communautaire d’éducation ouvrière. Pendant la crise économique, elle se joint à un groupe de femmes pour ouvrir une soupe populaire sur la rue Saint-Dominique. Membre du Parti communiste du Canada à partir de 1922, elle s’engage au sein de la Ligue pour la défense des libertés civiles lorsque le gouvernement conservateur de Richard Bennett décide en 1930 d’appliquer l’article 98 du Code criminel interdisant les associations séditieuses et de s’attaquer aux leaders du Parti communiste.
Sœur Marie-Stéphane ouvre un département d’études musicales au pensionnat d’Hochelaga. Déménagé sur un flanc du Mont-Royal en 1925, il devient l’École supérieure de musique d’Outremont en 1933. Cette dernière est affiliée à l’Université de Montréal en 1951 et devient l’École Vincent-d’Indy.
Ouverture de la première école d’enseignement supérieur de sciences infirmières à Montréal par l’Université McGill.
Création de la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC).
Après avoir obtenu le droit de vote en 1919, les femmes canadiennes votent pour la première fois au fédéral et peuvent se porter candidates.
Flora Abergson est la première femme à obtenir un diplôme aux cycles supérieurs de la Faculté de chirurgie dentaire de l’Université de Montréal.
Adoption de la Loi sur l’assistance publique par l’Assemblée législative.
Selon les données du recensement canadien, les femmes représentent le quart de la main-d’oeuvre montréalaise.
Création du Comité Provincial pour le Suffrage Féminin (CPSF) conjointement présidé par Marie Lacoste-Gérin-Lajoie, et Anna Marks Lyman, présidente de la section montréalaise du National Council of Women of Canada. Sont présentes à l’assemblée de fondation Idola Saint-Jean, Lady Drummond, Carrie Matilda Derick et Thérèse Forget Casgrain en sont également membres de même que le Montreal Women’s Club et le Club libéral des femmes de Montréal. Le 2 février de la même année, 400 femmes se rendent à Québec pour réclamer le suffrage féminin. Le premier projet de loi sur le suffrage féminin est déposé, le 8 mars, à l’Assemblée législative du Québec par Henry Miles, député libéral, déclenchant des protestations virulentes de la part des représentants du clergé et un refus catégorique du premier ministre Louis-Alexandre Taschereau.
Journaliste, écrivaine et scénariste, Emma Gendron (1904-1952) signe les scénarios de deux des trois premiers films de fiction produits au Québec : Madeleine de Verchères (1922) et La drogue fatale (1924). Elle s’impose comme l’une des principales figures du cinéma muet québécois et en est la première femme scénariste.
La Faculté de médecine dentaire de l’Université McGill ouvre ses portes aux femmes. Florence Johnston est la première étudiante admise. Elle obtient son diplôme en 1926. Après avoir exercé la médecine dentaire générale pendant plusieurs années, elle se spécialisera en médecine dentaire pédiatrique.
À partir de 1923, la peintre et galeriste Agnès Lefort participe à de nombreuses expositions à Montréal, puis expose en solo pour la première fois aux galeries d’art Eaton en 1935. Peu à peu, elle délaisse la peinture pour se consacrer à l’enseignement et ouvre, en 1950, sa propre galerie d’art, la Galerie Agnès Lefort pour promouvoir l’art contemporain montréalais et les œuvres de femmes.
Fondation de l’hôpital de l’Enfant-Jésus de Québec par Irma Levasseur et deux de ses collègues.