Période 1765-1864 L’édification des institutions sociales et culturelles

Au cours de cette période, l’activité productive de la plupart des femmes se limite à la sphère familiale au sein d’une société dont l’économie repose encore largement sur l’agriculture. Cependant, ouvrières, travailleuses domestiques, commerçantes et institutrices sont progressivement appelées à s’adapter au contexte industriel et urbain naissant ainsi qu’à la transformation ethnolinguistique de leur société. C’est essentiellement pour leur contribution philanthropique et caritative à la mise en place d’un réseau d’assistance sociale que l’apport des femmes, tant protestantes que catholiques, sera retenu par l’histoire.

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1778Marie-Barbe Loiselle (1750-1817)

Marie-Barbe Loiselle, surnommée Baboche, reçoit une pension à vie du gouvernement britannique pour avoir fourni des renseignements sur l’ennemi durant le siège de la ville de Québec par l’armée continentale américaine (1775-1976). Fidèle à la Couronne britannique, elle agit comme agente de renseignements au service du gouverneur Guy Carleton à qui elle rapporte des informations sur les rebelles. Capturée en 1776 et emprisonnée par les Américains, elle réussit à s’enfuir et apporte de nouvelles informations sur les mouvements de l’ennemi.


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Par omission, la loi octroie aux femmes propriétaires, le droit de vote 1791
Fonds Conrad Poirier https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2835784

1791Droit de vote au Bas-Canada

L’Acte constitutionnel donne la qualité d’électeur à tous les propriétaires, sans distinction de sexe. Par omission, des femmes propriétaires – célibataires et veuves pour la plupart – obtiennent le droit de vote et l’exercent. Elles sont les seules femmes de l’Empire britannique à avoir ce droit. En 1834, un projet de loi est déposé par le Parti patriote de Louis-Joseph Papineau afin d’enlever ce droit aux femmes; les bureaux de scrutin étant considérés comme « dangereux pour le sexe faible ». Le projet est rejeté par Londres, mais, en 1849, le Parlement du Canada-Uni retire ce droit à la population féminine.

https://histoiredesfemmes.quebec/pdf/Acteconstitutionnel.pdf


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1798Charlotte Trim (vers 1768-1823)

En février 1798, Charlotte Trim prend la fuite du domicile de sa maîtresse, Jane Cook, après une vingtaine d’années d’esclavage passées d’abord dans les Caraïbes, puis à Montréal. Rattrapée quelque temps après sa fuite et refusant de retourner chez sa maîtresse, elle comparait devant le juge James Monk, juge en chef de la nouvelle cour du banc du roi du district de Montréal. Alléguant un manque de clarté des lois, celui-ci décide de l’affranchir et annonce qu’il appliquera cette décision pour tout esclave fugitif comparaissant devant lui. Ce jugement renverse le rapport de forces entre propriétaires et esclaves et amène ces derniers, les uns après les autres, à quitter leurs maîtres. Le refus des tribunaux québécois de reconnaître qu’une personne puisse en posséder une autre contribue, en quelques années, à l’abolition de la pratique de l’esclavage sur l’île de Montréal, tant pour les personnes noires comme Charlotte Trim que pour les esclaves autochtones, surnommés communément les «Panis ».


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General Hospital Montrelal vers 1900 -Carte postale
BaNQ. Fonds Laurette Cotnoir-Capponi. P186.S9.P94

1815Female Benevolent Society

Fondation de la Female Benevolent Society, la première organisastion caritative protestante privée de Montréal, qui ouvrira la House of Recovery, une maison de transition pour les immigrants, les immigrantes et les pauvres. La House of Recovery sera remplacée par le Montreal General Hospital fondé en 1819. Première organisation laïque de bienfaisance, la Female Benevolent Society sera démantelée en 1822.

 


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Montreal Protestant Orphan Asylum
Protestant Orphan Asylum, Albums Massicotte, 1875, BaNQ.

1822Protestant Orphan Asylum

Des femmes anglaises de la bourgeoisie montréalaise fondent le premier orphelinat au Québec, le Protestant Orphan Asylum, dont la vocation première est d’accueillir des orphelins âgés de deux à douze ans sans soutien familial pouvant en assumer la charge.  Entre 1822 et 1900, un total de 939 enfants ont fréquenté l’orphelinat.

https://histoiredesfemmes.quebec/pdf/Benevolent.pdf


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Aide domestique servant le thé vers 1888
Service du thé, copié en 1888. Musée McCord, II-88120.0.

1825Participation des femmes au marché du travail

Le recensement de la ville de Montréal, effectué par Jacques Viger, permet de constater qu’au moins une Montréalaise sur cinq exerce une occupation outre ses activités ménagères. Parmi elles, près de 56 % sont des domestiques et plus de 26 %, des journalières. On estime alors que les femmes constituent plus de 25 % de la population active de la ville.


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Maria Monk, affidavit of Madame D.C. McDonnell [sic], matron of the Montreal Magdalen Asylum, Ste. Genevieve Street.
Source Canadiana.Maria Monk, affidavit of Madame D.C. McDonnell [sic], matron of the Montreal Magdalen Asylum, Ste. Genevieve Street. https://www.canadiana.ca/view/oocihm.50665/2

1829Agatha Henrietta Huguet-Latour-McDonnell

Création d’un asile pour les « madeleines » qui veulent changer de profession par Agatha Henrietta Huguet-Latour-McDonnell.  Incorporé en 1833 sous le nom de l’Institut des filles repenties de Montréal (The Montreal Magdalen Asylum), l’Institut accueille plus de 300 femmes avant de disparaître, faute de financement, en 1837.  En sept ans, rapporte l’historien Edouard-Zotique Massicotte, plus de 300 « filles » avaient été admises dans l’institution.


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1832Montreal Ladies’ Benevolent Society

Fondation de la Montreal Ladies’ Benevolent Society. Cette période voit la création de plusieurs œuvres de bienfaisance pour venir en aide aux orphelins et aux veuves, ainsi qu’aux jeunes femmes nécessiteuses et aux « femmes de mauvaise vie ». En général, chez les protestants, ces œuvres sont mises sur pied par des femmes de la bourgeoisie, alors que du côté catholique, bien qu’elles soient également souvent fondées par des femmes laïques, elles sont rapidement confiées à des communautés religieuses par la suite. Ce sont les initiatives de ces femmes qui sont à l’origine de la mise sur pied de l’entraide sociale au Québec.

https://histoiredesfemmes.quebec/pdf/Benevolent.pdf


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Page couverture du journal Le Musée de Montréal
Wikimedia Commons CC BY-SA 4.0 File:69429 c0542j886g4n IMage.jpg

1832The Montreal Museum ou Journal of Litterature and Arts

Mary Graddon Gosselin est la première femme à fonder un journal bilingue au Bas-Canada destiné aux femmes, le Musée de Montréal ou Journal de littérature et des arts. Pendant ses trois ans d’existence, plusieurs textes de femmes du Bas et du Haut-Canada y sont publiés.

https://histoiredesfemmes.quebec/pdf/Graddon.pdf


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Émilie Gamelin à l'âge de 22 ans
BaNQ. https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/1957777

1836Émilie Tavernier Gamelin (1800-1851)

Émilie Tavernier Gamelin fonde la Maison de la Providence à Montréal où elle accueille des dames âgées. Elle les accueillait déjà dans sa résidence depuis 1828. La maison recevra son incorporation civile sous le nom de Corporation de l’Asile des femmes âgées et infirmes de Montréal quatre ans plus tard. Dans la foulée de la rébellion des patriotes de 1837-1838, elle obtient l’autorisation de visiter les patriotes à la prison Au Pied du Courant.   En 1843, à la demande de Mgr Ignace Bourget, elle fonde les Filles de la Charité, plus tard connue sous le nom de Sœurs de la Providence, la première congrégation religieuse canadienne-française du Canada-Uni.  En 2001, Émilie Tavernier  Gamelin est proclamée Bienheureuse par le Pape Jean-Paul II, dernière étape avant la canonisation.


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Juil 12
Œuvre de Carisima Dabrowska
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Eulalie_Durocher_(painting).jpg

1843Eulalie Durocher (1811-1849)

À la demande de monseigneur Ignace Bourget, Eulalie Durocher fonde la communauté des Sœur des Saint Noms de Jésus et de Marie en s’inspirant de la constitutions d’une communauté de religieuses du même nom de Marseille. Sous le nom de Sœur Marie-Rose avec deux de ses compagnes, Mélodie Dufresne et Henriette Céré, elle préside, de son vivant, à la fondation de quatre couvents à Longueuil, Beloeil, Saint-Lin et Saint-Timothée, désireuse de rendre l’instruction accessible au plus grand nombre possible d’enfants des campagnes.


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1845Rosalie Cadron-Jetté (1794-1864)

Avec une largeur de vue peu commune pour l’époque, Rosalie  Cadron-Jetté ouvre l’hospice Sainte-Pélagie à Montréal pour accueillir les célibataires enceintes sans ressources. En 1848, elle fonde la communauté des Sœurs de Miséricorde qui continue son œuvre sous le nom de l’Institut des sœurs de Miséricorde. Pour venir en aide, en toute discrétion, à celles que l’on appelait « filles mères », Rosalie Cadron-Jetté et sept religieuses de sa jeune Communauté obtiennent leur certificat de compétence pour pratiquer comme sage-femme en 1849.

https://histoiredesfemmes.quebec/pdf/Cadron.pdf


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Une femme accouchant à domicile sur une chaise, illustration sur un livre de Eucharius Rösslin datant de 1515 environSage femme.
Oeuvre d’Eucharius Rößlin, 1515. Ine femme accouchant sur une chaise d'accouchement. Domaine public.

1845Sages-femmes

Il est désormais interdit à quiconque n’est pas médecin diplômé d’une université ou ne détient pas une autorisation à cet effet du gouverneur de pratiquer des accouchements dans les villes de Québec et de Montréal. Deux ans plus tard, la formation des sages-femmes tombe sous le contrôle du nouveau Collège des médecins et chirurgiens du Bas-Canada.

 


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Montreal Protestant House of Industry and Refuge,
Montreal Protestant House of Industry and Refuge, Albums Massicotte, 1901, BAnQ

1847Eliza Hervey (1807-vers1893)

Fondation de la Home and School of Industry par Eliza Hervey, une laïque protestante récemment immigrée d’Écosse, pour éduquer les jeunes filles au travail ménager et héberger des enfants de familles pauvres. La même année, elle installe un atelier de couture qui emploie des veuves sans ressources qui deviendra les Protestant Industrial Rooms en 1861. Le Protestant Infants’ Home (1870) et le Murray Bay Convalescent Home (1874) sont deux autres œuvres initiées par elle.

https://histoiredesfemmes.quebec/pdf/Hervey.pdf


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Défilé du suffrage, New York, 4 mai 1912
Défilé du suffrage, New YORK, 1912. Domaine public. Bibliothèque du Congrès des États-Unis - http://memory.loc.gov/service/pnp/cph/3g00000/3g05000/3g05500/3g05585v.jpg

1849Retrait du droit de vote au Bas-Canada

Robert Baldwin et Louis-Hippolyte Lafontaine retirent le droit de vote aux femmes du Haut et du Bas-Canada, peu importe leur statut. Dès 1834, les parlementaires du Bas-Canada ainsi que les Patriotes, sous la gouverne de Louis-Joseph Papineau, avaient fait connaître leur intention en ce sens pour corriger, disaient-ils, une « anomalie historique ».


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hoto : Archives des Sœurs de Sainte-Anne) Mère Marie-Anne Blondin, portrait par Sœur M.-Hélène-de-la-Croix, 1953.
Archives des Sœurs de Sainte-Anne Mère Marie-Anne Blondin, portrait par Sœur M.-Hélène-de-la-Croix, 1953.

1850Esther Blondin (1809-1890)

Esther Blondin, mieux connue sous le nom de Mère Marie-Anne, fonde la Congrégation des Sœurs de Sainte-Anne à Vaudreuil. Elle-même analphabète jusqu’à l’âge de 20 ans, elle fonde sa communauté pour remédier à la situation déplorable des écoles rurales avec vocation de s’occuper de l’éducation des enfants pauvres et d’ouvrir des écoles mixtes, projet jugé subversif pour l’époque. Après l’installation de la communauté à Lachine en 1864, celle-ci prend une expansion rapide et ouvre plusieurs écoles et pensionnats dans les campagnes environnantes et dans la région montréalaise.


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Maison Bonsecours. Institut des sourdes muettes de Montréal. rue Saint-Denis, Montréal.
Domaine public. Archives de la Providence. Photo de l'Institut 1872.

1851Albine Gadbois (1830-1874)

Après s’être familiarisée avec le langage signé, Albine Gadbois, sœur Marie de Bonsecours fonde l’Institut des sourdes-muettes de Montréal.  Initialement à Longue-Pointe, l’Institution s’installe en 1864 dans des locaux plus adéquats, rue Saint-Denis. La responsabilité de l’Institut sera assumée, après le décès de la fondatrice, de manière intermittente, par trois de ses quatre soeurs, Azilda, Malvina et Philomèneet, jusqu’en 1905.

 


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Carte du village iroquois de Hochelaga, situé près du Montréal actuel, dessinée selon les indications de Cartier par Giovanni Battista Ramusio, Venise, 1556.
Domaine public. Carte du village iroquois de Hochelaga, situé près du Montréal actuel, dessinée selon les indications de Cartier par Giovanni Battista Ramusio, Venise, 1556.

1851Le statut d’Indienne

Le Gouvernement du Canada définit de manière restrictive le statut d’Indien au Bas-Canada en donnant la préséance à la patrilinéarité dans la transmission du statut indien. Cette règle, qui retire à chacune des Premières Nations le droit de définir elle-même les conditions d’appartenance à sa communauté, exclut toute Indienne qui épouse un non-Indien, mais non ses enfants. Au contraire, un Indien qui épouse une non-Indienne, non seulement ne perd pas son statut, mais il le transmet à son épouse ainsi qu’à leur descendance.


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Asile Bethleem, Le Diocèse de Montréal à la fin du dix-neuvième siècle, Gaspard Dauth et al., 1900, BAnQ
BaNQ. Asile Bethleem, (1868) à la fin du dix-neuvième siècle, Gaspard Dauth et al., 1900, BAnQ

1858Julie-Marguerite Gaudry (1831-1910)

À l’initiative de Sœur Gaudry (Julie-Marguerite Gaudry), une première salle d’asile pouvant accueillir une trentaine d’enfants est ouverte attenante à l’Hospice Saint-Joseph dans le quartier Saint-Antoine. En 1900, on compte 5 salles d’asile dans la Métropole où près de 2 000 enfants sont accueillis sur une base quotidienne.

 


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