Un prix de journalisme pour la couverture médiatique des femmes en milieu rural est créé par les Agricultrices du Québec pour honorer Rosaline Désilets-Ledoux (1929-2017), pionnière du journalisme agricole au Québec. Confidente des agricultrices, Rosaline Désilets-Ledoux collabore à partir de 1961 au journal La terre de chez nous, où elle œuvre pendant près de cinquante ans à l’avancement des femmes en milieu rural.
Amorçant sa transition vers une édition électronique, la Gazette des femmes est publiée gratuitement en version numérique à partir de son numéro de septembre. Publication féministe créée en 1979 par le Conseil du statut de la femme, elle est diffusée pendant quarante ans par abonnement et vendue en kiosque en version papier. La Gazette des femmes est l’unique survivante de la presse féministe grand public des années 70 au Québec.
Avec le soutien du StudioXX et de la bourse 2008 du magazine La vie en Rose, un blogue québécois de jeunes féministes voit le jour, je suis féministe. Le projet entend mettre à la disposition des jeunes féministes francophones une plateforme, un lieu d’échanges pour leur permettre de s’exprimer librement, et vise également à assurer la présence de la parole et des pratiques des jeunes féministes dans les médias.
Création de l’organisme Réalisatrices Équitables (RÉ) qui regroupe des réalisatrices professionnelles du Québec dans le but d’assurer une présence plus importante et juste à la vision du monde et à l’imaginaire des réalisatrices dans le cinéma québécois.
Pour la première fois dans l’histoire du Québec, le Conseil des ministres nommé par Jean Charest est composé d’un nombre égal de femmes et d’hommes.
La linguiste Marie-Éva de Villers reçoit le Prix du Québec Georges-Émile-Lapalme pour son engagement en faveur de la qualité et de la promotion de la langue française, notamment à travers ses écrits, ses interventions publiques et son enseignement. On lui doit le Multidictionnaire de la langue française, publié pour la première fois en 1988. De nombreux prix et distinctions lui ont été attribués en reconnaissance de son engagement et de sa capacité à rendre accessible la complexité de la langue française.
Création de la Fondation Fabienne Colas, par celle que l’on surnomme la « Reine des Festivals ». Fabienne Colas, en collaboration avec Réal Barnabé et Émile Castonguay, crée cette fondation afin d’offrir une voix et une vitrine à des artistes trop souvent laissés à l’écart. Les activités de la Fondation, dont l’organisation de plusieurs festivals au Québec et ailleurs, notamment le Festival International du Film Black de Montréal (FIFMB), visent à mettre de l’avant et à célébrer la diversité des expressions et des réalisations dans le domaine des arts et de la culture.
Ellen Gabriel, aussi connue sous le nom Katsitsakwa, est une artiste mohawk et une militante des droits des peuples autochtones de la nation Kanehsatà:ke. En 1990, elle se joint au mouvement de contestation contre l’expansion d’un terrain de golf à Oka, au Québec, qui débouche sur la crise d’Oka dont elle devient la porte-parole officielle. Ancienne coordonnatrice du First People’s House de l’Université McGill, Ellen Gabriel est élue en 2004 présidente de Femmes autochtones du Québec. Pendant les six ans et demi de son mandat, elle mène une lutte soutenue contre les discriminations introduites par la Loi sur les Indiens auxquelles font encore face les femmes autochtones et leurs descendant·e·s.
Sophie Thibault devient la première femme en Amérique du Nord à être cheffe d’antenne en solo du bulletin de fin de soirée d’un réseau de télévision national, le réseau TVA.
Le site féministe d’information, d’analyse et d’opinion, Sisyphe, un regard féministe sur le monde, voit le jour à l’initiative de Micheline Carrier (1944-2019) et Élaine Audet. (1936-2024).
Responsable de la revitalisation du nehlueun, la langue innue, sur la réserve de Mashteuiatsh au Piékouagami (Pointe-Bleue, Lac-Saint-Jean), la poète et conteuse Jeanne-Mance Charlish (1950-2004) fonde la Coalition Ukauimau aimu «paroles de mères de famille». Mouvement traditionaliste innu, la Coalition s’efforce de préserver le mode de vie autochtone et le territoire des influences extérieures.
Le site NetFemmes est lancé par le Centre de documentation sur l’éducation des adultes et la condition féminine (CDÉACF). La liste suspendra ses activités en 2010.
La journaliste Katia Gagnon est la première femme élue à la présidence de la Tribune de la presse parlementaire.
Création du centre d’artistes féministes Studio XX. Le Centre vise la création, la diffusion et la réflexion critique en art technologique. En 2020, le Studio XX est devenu le Studio AdaX
Création de la liste Politique, Action, Recherche ( PAR-L), réseau électronique bilingue de personnes et d’organisations intéressées aux politiques touchant les femmes au Canada. La liste, mise en ligne par Michèle Ollivier, professeure au département de sociologie de l’Université d’Ottawa et Wendy Robbins, professeure au département d’anglais de l’Université du Nouveau Brunswick est, depuis sa fondation, administrée à l’Université du Nouveau-Brunswick.
La muséologue d’origine montagnaise Carmen Gill-Casavant est la première femme à recevoir le Prix du Québec Gérard-Morisset pour son rôle dans la préservation du patrimoine québécois et de la culture et des traditions amérindiennes. En 1977, elle fonde le Musée amérindien de Mashteuiatsh (Pointe-Bleue) pour donner à voir la culture de son peuple, les Pekuakamiulnuatsh.
Parution du 1er numéro du bulletin NouvElles en condition féminine par la Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ).
La journaliste Lise Bissonnette est nommée directrice du quotidien montréalais Le Devoir. Elle est la première femme à diriger un quotidien de cette envergure. Après avoir quitté la direction du quotidien Le Devoir en 1998, elle devient maîtresse d’œuvre du projet de construction de la Grande bibliothèque du Québec, inaugurée en avril 2005 à Montréal. En 2006, dans la foulée d’une fusion entre la Bibliothèque nationale du Québec et les Archives nationales du Québec, la Grande Bibliothèque du Québec devient Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Lise Bissonnette demeure à la gouverne de l’institution jusqu’en 2009. Sa carrière exceptionnelle de journaliste, écrivaine et administratrice a été reconnue par de nombreux prix et distinctions dont, en 2010, le Prix du Québec Georges-Émile-Lapalme en reconnaissance de son rôle déterminant dans la promotion et la démocratisation de la culture au Québec, sa contribution à la formation de la pensée critique dans l’espace public québécois et son engagement durable et structurant en faveur de la culture et de l’éducation.
Fondation du Nouvel Ensemble Moderne, le premier orchestre permanent de musique nouvelle, par la pianiste et cheffe d’orchestre Lorraine Vaillancourt. En 1994, elle participe à la fondation des Rencontres de musique nouvelle qui se sont tenues pendant deux décennies au Domaine Forget de Charlevoix. En 2016, le Prix du Québec Denise-Pelletier lui est attribué en hommage à ses nombreuses contributions artistiques et au rôle crucial qu’elle a joué dans la propagation et la démocratisation de la musique contemporaine.
Animatrice et journaliste de terrain, Michaëlle Jean est la première femme noire à travailler dans un service des nouvelles de la télévision française au Canada à titre de journaliste dédiée aux affaires publiques. En 1995, elle devient journaliste-présentatrice au Réseau de l’information de Radio-Canada (RDI) où elle anime différents journaux télévisés et émissions spéciales. En 2001, elle est nommée journaliste-présentatrice des éditions du week-end du Téléjournal présentées sur Radio-Canada et RDI et, en 2003, cheffe d’antenne du journal télévisé Le Midi sur les mêmes chaînes.
La Troisième Foire internationale du livre féministe a lieu à l’Université de Montréal et réunit plus de 200 écrivaines provenant de 55 pays. Plus de 5 000 personnes la visitent.
Françoise Bertrand est la première femme à diriger un réseau de télévision en Amérique du Nord : la Société de radio-télévision du Québec (Télé-Québec). Elle devient aussi, en 1996, la première femme à la tête du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC).
La cinéaste Anne Claire Poirier est la première femme à remporter le Prix du Québec Albert-Tessier dans la catégorie culture.
La revue internationale Recherches féministes est fondée par le Groupe de recherche multidisciplinaire féministe (GREMF) de l’Université Laval à l’instigation d’Huguette Dagenais et de ses collègues.
Création d’un Musée des traces par l’artiste multidisciplinaire Irene F. Whittome, un musée temporaire qui vise une redéfinition de l’espace muséal inscrit dans le tissu urbain. Son excellence artistique a été reconnue notamment par l’attribution du prix Paul-Émile Borduas du Gouvernement du Québec en 1997 et celui du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatique en 2002.
Figure marquante de l’art canadien, Betty Goodwin reçoit le prix Paul-Émile-Borduas et devient la première artiste multidisciplinaire – et la deuxième femme après Marcelle Ferron – à recevoir ce prix prestigieux. En 1986, elle est choisie pour représenter le Canada à la Biennale de Venise. L’année suivante, elle fait l’objet d’une exposition en solo au Musée des beaux-arts du Canada. Au cours de sa carrière, elle a développé un style unique qui explore souvent des thèmes liés à la fragilité humaine, à la mémoire, à la perte et à la vulnérabilité.
Sortie du documentaire « Quel numéro what number? » réalisé par Sophie Bissonnette portant sur les impacts des changements technologiques sur le travail des femmes.
Premier Festival international de films et vidéos de femmes organisé par le groupe Cinéma Femmes sous le titre Silence, elles tourment.
Publication de la revue Treize produite pour et par des lesbiennes pour encourager la réflexion, l’ouverture et la conscientisation de la communauté lesbienne. Publiée jusqu’en 2000, la revue fera un bref retour en librairie en 2007 à la suite du colloque Être visible, hier et aujourd’hui – colloque sur la visibilité lesbienne.
Le Comité canadien d’action sur le statut de la femme organise un débat télévisé sur les questions liées à la condition des femmes entre les trois principaux partis fédéraux.
Une des rares femmes à s’impliquer activement dans le mouvement des automatistes québécois, la peintre Marcelle Ferron est la première femme honorée par le Prix du Québec Paul-Émile-Borduas depuis sa création en 1977 pour son rôle dans le développement de l’art moderne au Québec et sa recherche de nouvelles formes d’expression. Première femme boursière du Conseil des arts du Canada en 1957, à partir des années 1960, Marcelle Ferron se tourne vers l’art du vitrail. L’un de ses vitraux les plus connus est celui de la station de métro Champ-de-Mars à Montréal, réalisé en 1968.
Les Folles Alliées créent à Québec la pièce Enfin Duchesses dans laquelle elles dénoncent le concours des duchesses au Carnaval de Québec.
Fondation par un collectif de la première revue francophone d’information et de réflexion politique Amazones d’hier lesbiennes d’aujourd’hui destinée à la communauté lesbienne. Publiée jusqu’en 2014, la revue s’inscrit dans la lignée du lesbianisme radical francophone.
Poète, dramaturge et romancière, Anne Hébert est la seconde Québécoise, après Marie-Claire Blais (prix Médicis, 1966), à recevoir un grand prix littéraire français. Le prix Femina lui est attribué pour son cinquième roman, Les Fous de Bassan. Cette distinction vient couronner une carrière d’écrivaine exceptionnelle qui a marqué la scène littéraire par son écriture poétique et son exploration des profondeurs psychologiques et sociales. Figure emblématique de la littérature québécoise, reconnue pour sa poésie, ses romans et ses pièces de théâtre, elle a été honorée à plusieurs reprises, notamment par le Prix du Québec Athanase-David en 1978.
Au Musée d’art contemporain de Montréal, l’exposition Art et féminisme présente La chambre nuptiale de la montréalaise Francine Larivée et The Dinner Party, imposante œuvre de l’artiste américaine Judy Chicago.
Suite à une pétition acheminée au Conseil de presse réunissant plus de 3000 signatures, le Journal de Montréal met fin à sa pratique de présenter une « pin-up » en page 7 du quotidien.
Selon les recommandations du Comité institutionnel de féminisation que préside Jacqueline Lamothe, professeure au département de linguistique, l’Université du Québec à Montréal procède à la féminisation de tous les titres de fonctions et confie au comité l’élaboration d’un code syntaxique de féminisation s’appliquant aux textes officiels de l’université.
Fondé en 1981, le groupe Cinéma femme organise à Montréal en 1985 le premier Festival international de films et vidéos de femmes. Sous le titre Silence elles tournent l’événement a lieu tous les ans jusqu’en 1990 et alterne, par la suite, avec La Mondiale des films et vidéos de femmes du Québec jusqu’en 1996.
Création par Henriette et Guylaine Lanctôt (1941-….) du Bottin des femmes, un outil de référence, afin de permettre aux femmes d’affaires de différents milieux d’établir des contacts entre elles. En 1985, Henriette Lanctôt crée l’Association des femmes d’affaires du Québec.
Ghila Sroka, auteure et polémiste, fonde le magazine montréalais La tribune juive pour créer un espace de dialogue entre Juifs et non-Juifs.
Ludmilla Chiriaeff reçoit le Prix du Québec Denise-Pelletier – catégorie culture – pour sa contribution dans le domaine des arts de la scène et plus particulièrement la danse.
La vie en rose, premier magazine féministe québécois d’actualité est fondé. Le magazine cesse ses activités en 1987.
Mise sur pied de la collective de Montréal du Mouvement contre le viol (MCV). Les membres du Théâtre expérimental des femmes sont parmi les promotrices du projet. C’est dans ce contexte qu’elles produiront le spectacle « La peur surtout ».
Auteure, pédagogue et comédienne, Pol Pelletier fonde le Théâtre expérimental des femmes, maintenant connu sous le nom de Théâtre Espace Go, avec Nicole Lecavalier et Louise Laprade, suite à une rupture avec le Théâtre expérimental de Montréal dont elle était cofondatrice.
Première du film « Mourir à tue-tête » d’Anne Claire Poirier qui traite d’un sujet considéré tabou, le viol.
Fondation du Centre canadien d’architecture de Montréal par Phyllis Lambert. Philanthrope, architecte et photographe, Phyllis Lambert a consacré sa vie à sauver le patrimoine montréalais, notamment à travers son rôle dans la création d’Héritage Montréal et de la Société d’Amélioration Milton-Parc. L’importance de sa contribution a été reconnue par l’attribution de nombreux prix et distinctions dont le Prix du Québec Gérard-Morisset en 1994
L’Office de la langue française recommande la féminisation des titres des appellations d’emploi.
Lancement de La Gazette des femmes par le Conseil du statut de la femme. Depuis 2011, la version papier a été remplacée par un webzine.
Création du poste de ministre d’État à la Condition féminine et mise sur pied du Secrétariat à la condition féminine. Lise Payette devient la première titulaire de ce ministère, ce qui lui permettra de faire avancer plusieurs dossiers liés aux droits des femmes, y compris la réforme du Code de la famille, l’amélioration des services de garde, les congés de maternité, l’égalité juridique des époux et les pensions alimentaires. Figure marquante du Québec moderne, à la fois journaliste, animatrice, écrivaine, femme politique et militante féministe, son engagement envers l’égalité des sexes et la justice sociale a exercé une influence profonde sur la société québécoise. Récipiendaire de plusieurs distinctions, elle reçoit en 2014 le Prix du Québec Guy-Mauffette pour son apport remarquable à la culture québécoise.
Publication aux Éditions du remue-ménage, sous le titre Tract Femmes, des réflexions des comédiennes du Théâtre expérimental de Montréal.
Publication de Cyprine [essai-collage pour être une femme]. Écrivaine, poétesse, dramaturge et parolière, Denise Boucher est une figure importante du féminisme au Québec. Ses écrits poétiques et dramatiques se distinguent par une langue riche et imagée, ainsi que par leur exploration profonde de thèmes liés à l’identité féminine, la sexualité et la condition des femmes dans la société. Par ses écrits et ses prises de position publiques, tout spécialement l’œuvre pionnière les Les Fées ont soif, Denise Boucher a contribué à sensibiliser le public aux inégalités entre les sexes et a inspiré de nombreuses femmes à revendiquer leurs droits. Son courage à aborder des sujets controversés, sa volonté de défendre une vision plus juste et plus équitable des relations entre les sexes ont également contribué à briser des tabous et à favoriser l’émergence d’une parole libérée et critique sur les normes sociales et religieuses qui les limitaient.
Première publication de l’Agenda des femmes par les éditions du remue-ménage.
Sur un thème proposé par Pol Pelletier, création collective de la pièce À ma mère, à ma mère, à ma mère, à ma voisine par les femmes du Théâtre expérimental de Montréal (Dominique Gagnon, Louise Laprade, Nicole Lecavalier, Pol Pelletier).
Présentation de la pièce de Denise Boucher, Les fées ont soif. Les premières représentations de cette pièce susciteront de vives réactions et contestations de la part des milieux conservateurs et religieux en raison de sa critique ouverte des stéréotypes sexistes, des tabous entourant la sexualité féminine et des prescriptions religieuses et patriarcales qui oppriment les femmes. Les Fées ont soif est une œuvre pionnière du féminisme au Québec et a joué un rôle important dans la prise de conscience et la dénonciation des limites imposées aux femmes au sein de la société québécoise ; l’œuvre ainsi que les débats qu’elle a suscités ayant contribué à ouvrir et à alimenter un dialogue sur des questions comme l’égalité des sexes, la liberté sexuelle, l’identité féminine et la place des femmes dans la société.
Publication de L’amèr de Nicole Brossard, poète, autrice, éditrice et militante féministe. Auteure prolifique à l’écriture singulière et poétique, elle contribue de manière significative, depuis les années 1960, à la modernisation de la littérature québécoise en introduisant des formes novatrices et en investiguant le langage lui-même comme outil de création. Sa production artistique se caractérise par une exploration de la déconstruction narrative et une démarche poétique qui défie les normes littéraires établies. Nicole Brossard est récipiendaire de nombreux prix et distinctions, dont le Prix du Québec Athanase-David en 1991 et le prestigieux Prix Gilles-Corbeil en 2022. Son œuvre poétique, ses romans de même que ses essais ont été traduits en plusieurs langues. Sa carrière est marquée par son militantisme pour la cause des femmes et milite pour une écriture qui libère les femmes des cadres patriarcaux.
Le gouvernement du Québec annonce l’instauration des Prix du Québec. Parmi les cinq prix créés dans les domaines de la culture et de la science (d’autres suivront dans les années subséquentes), un seul porte le nom d’une femme. Il s’agit du prix Denise-Pelletier (1923-1976), qui vise à reconnaître la contribution remarquable d’une personne aux arts d’interprétation au Québec. Il ne s’agit pas de l’unique hommage rendu à la carrière de la comédienne Denise Pelletier. En 1997, à la suite de son décès, la Nouvelle compagnie théâtrale change de dénomination pour devenir le Théâtre Denise-Pelletier.
Poétesse, romancière et militante féministe, Madeleine Gagnon publie La venue à l’écriture dont elle partage la signature avec Hélène Cixous et Annie Leclerc. Elle fait partie d’un mouvement littéraire qui a cherché à déconstruire les normes patriarcales et à redéfinir l’expérience féminine à travers l’écriture. Madeleine Gagnon propose un langage nouveau dans lequel les femmes pourraient se reconnaitre et surmonter « l’interdit de parole ». La même année dans Retailles, qu’elle publie avec Denise Boucher, elle questionne la possibilité d’un consensus féministe et plaide pour le développement d’une solidarité dans la reconnaissance des différences. Madeleine Gagnon est récipiendaire de nombreux prix pour l’ensemble de son œuvre dont le Prix du Québec Athanase-David en 2002.
Parution d’un nouveau périodique féministe, Plurielles, auquel succédera de 1978 à 1981 Des luttes et des rires de femmes dont le slogan était: « C’est pas des luttes pour rire, c’est Des luttes et des rires de femmes! »
Écrivaine, militante et cheffe de bande innue née dans le Grand Nord, An Antane Kapesh apprend à lire et à écrire l’innu à l’âge adulte afin de défendre les territoires, la culture et la langue des Innus. À cinquante ans, en 1976, elle écrit son premier livre Je suis une maudite Sauvagesse? / ?Eukuan nin matshi-manitu innushkueu, suivi en 1979 de Qu’as-tu fait de mon pays ??? / ?Tanite nene etutamin nitassi. Elle écrit en innu et en français pour s’assurer que son message est entendu par les Blancs. Elle dénonce, à travers le prisme de son expérience personnelle, la dépossession des Autochtones. Soucieuse d’assurer une transmission, « pour que les Montagnais qui naîtront sachent que leur peuple a déjà vécu autrement que dans une réserve », elle choisit d’écrire par la suite des livres pour enfants en innu.
Exposition de La chambre nuptiale de l’artiste montréalaise Francine Larivée au Complexe Desjardins. Gigantesque sculpture dans laquelle le public peut circuler, l’œuvre à laquelle a travaillé une centaine de personnes met en scène la difficulté des rapports de couple et dénonce la consommation du corps-objet féminin de même que le poids des diktats socioreligieux sur la vie des femmes.
Louky Bersianik publie L’Euguélionne, premier grand roman féministe québécois qui dénonce la conception patriarcale des rapports sociaux de sexe et l’infériorisation sinon l’oblitération de l’expérience des femmes qui s’ensuit.
Présentation du premier spectacle du théâtre expérimental des femmes, Essai en Trois mouvements pour trois voix de femmes avec Luce Guilbeault, Nicole Lecavalier et Pol Pelletier.
Publication du premier numéro du journal Les têtes de pioche qui sera publié jusqu’en juin 1979.
Les éditions du remue-ménage publient leur premier ouvrage, la pièce du Théâtre des cuisines, Môman travaille pas, a trop d’ouvrage.
Originaire de Kanesatake, la Mohawk Myra Cree devient la première femme à occuper le poste de chef-d’antenne au Téléjournal de Radio-Canada. Elle animera par la suite le magazine d’information religieuse «Second Regard» et d’autres émissions culturelles. Très impliquée dans le milieu autochtone, en 1991, elle collabore à la rédaction de l’ouvrage Les langues autochtones du Québec, publié par le Conseil de la langue française du Québec et est associé au festival Présence autochtone de Montréal depuis ses débuts. En 1981, Myra Cree reçoit le prestigieux prix Judith-Jasmin de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec puis, en 1995, elle est nommée Chevalière de l’Ordre national du Québec.
Création des éditions du remue-ménage par un collectif de femmes avec le mandat de publier des ouvrages féministes « écrits par et pour des femmes » et de fonctionner sur la base d’une gestion coopérative et autogérée.
Début de la publication de la chronique féministe hebdomadaire Féminin pluriel écrite par Renée Rowan (1924-2019) dans Le Devoir. La chronique sera publiée jusqu’en 1986.
L’exposition de gravures, de dessins et de photos ArtFemme’75 est présentée simultanément au Musée d’art contemporain, à la Galerie Powerhouse et au Centre Saidye Bronfman. ArtFemme’75 est la première exposition d’importance à mettre la contribution picturale des femmes artistes en évidence.
Création de Réseau vidéo des femmes par Diane Hefferman et Suzanne Vertue pour documenter les événements liés aux femmes et aux féministes. Réseau vidéo deviendra Réseau Vidé-Elle en 1980.
Création des Éditions de la Pleine lune, première maison d’édition dédiée à la publication d’œuvres de femmes.
Ouverture de la Librairie des femmes d’ici à Montréal par l’écrivaine Thérèse Lamartine, seconde librairie francophone des femmes au monde.
Création par le Théâtre des cuisines de la pièce Môman travaille pas, a trop d’ouvrage qui aborde la question du travail ménager salarié. Môman travaille pas, a trop d’ouvrage! est le premier livre publié par les éditions du remue-ménage en 1976
Mise sur pied d’un Centre de documentation féministe par des membres du Centre des femmes de Montréal.
Création par Kathleen Shannon du Studio D à l’Office national du film du Canada (ONF), le premier studio de production au monde financé par des fonds publics exclusivement ouvert aux femmes.
Production de six films par des femmes réalisatrices dans le cadre de la série En tant que femmes de l’Office national du film.
Fondation de la maison de production Le Verseau, par Aimée Danis et Guy Fournier. Celle-ci a été la première productrice à recevoir le Grand Prix de l’Académie canadienne du cinéma.
Publication à Montréal de la première revue à s’adresser à la communauté lesbienne, Long Time Coming, dont la publication cessera en 1976.
Helen Doyle, Nicole Giguère, Hélène Roy et Lucille Panet-Raymond fondent Vidéo Femmes, première maison de production de fictions et de documentaires féministes pour et par les femmes. Le Festival des filles de vue de Québec qui a lieu entre 1977 et 1988, est le premier du genre au monde.
Fondation du Théâtre des Cuisines par six militantes féministes dont Solange Collin, Carole Fréchette et Véronique O’Leary. Le collectif regroupe des militantes féministes, des travailleuses, des chômeuses et quelques comédiennes. Nous aurons les enfants que nous voulons, sa première création collective sera jouée le 8 mars 1974 devant 3000 personnes à Montréal, rompant le silence longtemps entretenu sur la question de l’avortement.
Un groupe de femmes artistes ouvre une galerie à Montréal sur la rue Saint-Dominique. D’abord appelée les Flamings Aprons [Les tabliers enflammés], la galerie change de nom pour Powerhouse en 1974. C’est le premier centre d’exposition multidisciplinaire pour les femmes au Québec et au Canada et le deuxième en Amérique du Nord.
Betty Riley est la première femme noire à devenir productrice de télévision au Québec. La série qu’elle réalise, Black is, est également la première émission de télévision « entièrement noire » (« all-black show ») à être produite au Canada. Diffusée quatre fois par semaine pendant plusieurs années, l’émission aborde les différentes situations et les problèmes qui affectent la communauté noire au Québec. Betty Riley est également à l’origine de la création de l’Atelier de télévision pour la jeunesse noire (Black Youth Television Workshop) qui, de 1965 à 1989, permet aux jeunes de seize à vingt ans de s’initier aux rudiments de la production télévisuelle.
Pauline Julien, (1928-19098) surnommée « La Passionaria du Québec » reçoit le Grand Prix 70 de l’Académie Charles Cros pour son disque Suite québécoise entièrement consacré à des artistes québécois de sa génération. En 1985, pour son disque Où peut-on vous toucher?, l’Académie Charles Cros lui décernera une seconde fois le Grand Prix du Disque.
L’écrivaine (1909-1983) reçoit le prix Athanase-David pour l’ensemble de son œuvre et sa contribution exceptionnelle au développement de la littérature canadienne et québécoise de langue française. Son écriture, à la fois romanesque, intime et autobiographique est reconnue pour sa profondeur humaine et son style littéraire distinctif.
Clémence DesRochers écrit et présente une toute première revue musicale féministe intitulée Les Girls qui réunit autour d’elle, Louise Latraverse, Diane Dufresne, Paule Bayard (Bobinette) et Chantal Renaud. Elle y dépeint avec un humour caustique la vision traditionnelle du rôle des femmes dans la société. Figure emblématique de la culture québécoise, Clémence DesRochers reçoit, en 2005, le Prix du Québec Denise-Pelletier pour l’ensemble de son œuvre qui a profondément marqué la culture québécoise. Humoriste, actrice, chanteuse, autrice, poète et monologuiste, elle est considérée comme l’une des premières femmes à avoir popularisé le monologue au Québec. Mélangeant humour, tendresse et critique sociale, son œuvre reflète les travers de la vie quotidienne et explore des thèmes comme l’amour, la famille et la condition féminine.
Première femme québécoise à réaliser un long métrage, Anne Claire Poirier avec De mère en fille pose un regard féministe et intimiste sur le rapport d’une femme enceinte à son corps, ses émotions et ses angoisses. Son film le plus connu, Mourir à tue-tête, mi-fiction, mi-documentaire, réalisé en 1979, s’attaque pour la première fois au Québec à un sujet considéré comme tabou: le viol.
Lizette Gervais devient la première femme à présenter un bulletin de nouvelles dans un réseau de télévision national.
L’écrivaine Marie-Claire Blais publie en 1965 le très acclamé roman Une saison dans la vie d’Emmanuel, traduit dans plus d’une dizaine d’autres langues et récompensé, entre autres, du prestigieux prix Médicis en 1965, décerné pour la première fois à une Québécoise. Plus de 2000 livres, thèses, articles, critiques et entrevues ont été rédigés sur ce roman, attestant de la stature internationale de l’auteure et de l’universalité de son propos. L’une des figures les plus importantes et prolifiques de la littérature québécoise, son œuvre se démarque par son style dense, novateur et sa capacité à explorer les profondeurs de la condition humaine ainsi que des thèmes tels que la marginalité, la pauvreté, l’identité, la sexualité, la violence et les inégalités sociales. Le Prix du Québec Anathase-David lui a été décerné en 1982 en reconnaissance de son influence profonde sur la littérature québécoise. En 2016, elle reçoit le prix Molson décerné par le Conseil des arts du Canada afin de souligner sa contribution d’exception au patrimoine culturel et intellectuel canadien.
Mise en ondes de l’émission Femme d’aujourd’hui, diffusée à la télévision de Radio-Canada et réalisée par Michelle Lasnier. L’émission quotidienne, en ondes pendant 17 ans, présente des reportages, des enquêtes, des tables rondes et des entrevues sur des sujets d’intérêt féminin, mais en s’éloignant progressivement des sujets convenus. Aline Desjardins est à la barre de l’émission de 1966 à 1979.
La journaliste et écrivaine Evelyn Dumas est la première femme affectée à la couverture des activités parlementaires québécoises. Son affectation, sans être agréée officiellement, par Le Devoir à l’Assemblée nationale, à titre de courriériste parlementaire, marque un tournant dans l’histoire du journalisme au Québec. En 1977, elle sera rédactrice en chef du journal indépendantiste Le Jour. Une salle de l’Assemblée nationale a été nommée en l’honneur de cette pionnière du journalisme québécois.
Soprano colorature, Colette Boky, née Giroux, obtient le Premier Prix de chant avec grande distinction du Conservatoire de musique du Québec et, l’année suivante, le Prix d’Europe 1962. Après des études à Paris, elle fait son entrée au Metropolitan Opera de New York en 1967 où elle interprétera plus de 30 premiers rôles au cours de sa carrière. Sa discographie lui vaudra plusieurs grands prix. En 1981, Colette Boky se joint au corps professoral de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) où elle dirige, à partir de 1997, l’Atelier d’opéra. Elle est intronisée au Panthéon canadien de l’art lyrique en 1998 et, en 1986, elle est honorée par le gouvernement du Québec qui lui décerne le Prix du Québec Denise-Pelletier pour sa contribution exceptionnelle à la culture québécoises.
À l’initiative de Fernande Saint-Martin et de Michelle Lasnier, directrice du Service des émissions féminines de Radio-Canada de 1966 à 1981, parution du premier numéro de la revue Châtelaine qui propose un nouveau concept de revue féminine. Grande théoricienne de l’art, Fernande Saint-Martin dirigera le Musée d’art contemporain de Montréal de 1972 à 1977 pour se consacrer par la suite à l’enseignement et à l’écriture.
D’ascendance amérindienne (Abénakise) par sa mère, la peintre et muraliste Rita Letendre compte parmi les artistes les plus importants de la peinture abstraite québécoise et canadienne. Son œuvre se distingue par son usage audacieux de la couleur, ses formes dynamiques et son engagement envers l’expérimentation artistique. Après ses études à l’École des beaux-arts de Montréal, où elle s’associe au groupe des automatistes animé par Borduas, elle gagne en 1959 le Prix de la jeune peinture et, en 1960, le prix Rodolphe-de-Repentigny. Rita Letendre a joué un rôle clé dans l’émergence et la reconnaissance de l’art abstrait au Québec et marqué la scène artistique par son style unique, évoluant au fil de sa carrière vers des formes plus géométriques et monumentales. Le Prix du Québec Paul-Émile-Borduas lui a été attribué en 2016.
Louise-Marguerite-Renaude Lapointe est la première femme journaliste à être engagée au journal La Presse au reportage général. Elle en sera également la première femme éditorialiste en 1965. D’abord correspondante à Québec de 1953 à 1957 pour Time Life, Variety et au Service international de Radio-Canada, elle devient la première francophone à présider le Sénat en 1974.
La romancière Claire Martin, née Montreuil, remporte le Prix du Cercle du livre de France pour son roman Avec ou sans amour. Elle est la première femme à recevoir ce prix. Le 8 mai 1945, c’est sa voix qui, à l’antenne de Radio-Canada, annonce que « la guerre est terminée, c’est officiel ». Son autobiographie Dans un gant de fer, publiée en 1965-1966, dans laquelle elle se remémore ses années d’enfance et de jeunesse auprès d’un père violent, est, selon Patricia Smart, le « premier ouvrage explicitement féministe en littérature québécoise ».
Fondation du Théâtre international La Poudrière à Montréal par la femme de théâtre Jeanine Charbonneau Beaubien. Elle assure la direction de ce premier théâtre multiculturel jusqu’à sa fermeture en 1982.
Fondation du Théâtre yiddish de Montréal par Dora Wasserman, comédienne, dramaturge et metteure en scène originaire d’Ukraine. Dora Wasserman a reçu l’insigne de chevalière de l’Ordre national du Québec en 2003 pour l’ensemble de son oeuvre. Elle était compagnon de l’Ordre du Canda depuis 1993.
Création par Judith Jasmin et René Lévesque du premier Service des reportages du réseau français de Radio-Canada.
Née en Lettonie et éduquée en Allemagne, Ludmilla Chiriaeff est une des pionnières de la danse professionnelle au Québec. Danseuse, chorégraphe et professeure, elle fonde à son arrivée au Québec en 1952 sa propre compagnie, « Les Ballets Chiriaeff », qui devient en 1958 la toute première compagnie de ballet professionnel au Québec, les Grands Ballets Canadiens, dont elle assure la direction artistique jusqu’en 1974. Par la suite, elle se dédie au développement d’institutions axées sur le développement de la discipline de la danse au Québec et, en particulier, à l’implantation de programmes spécialisés en danse à tous les niveaux du système public d’éducation au Québec.
Grande communicatrice et auteure prolifique, Janette Bertrand débute sa carrière comme journaliste au Petit Journal. Elle se voit confier une chronique Opinions de femmes, puis le Courrier du cœur qu’elle tient pendant 17 ans. Féministe avant la lettre, éducatrice populaire exceptionnelle, elle aborde sans censure des questions délicates comme la sexualité, la contraception, l’inceste et la violence à une période où ces sujets sont tabous. Sujets, qu’elle n’hésitera pas à revisiter dans les nombreuses émissions, dramatiques et téléséries à caractère éducatif et social écrites au fil des ans. Au cours de sa carrière, elle aura signé plus de 800 textes pour la radio et la télévision et près de 30 romans et pièces de théâtre. Janette Bertrand a reçu de nombreux prix et distinctions soulignant son engagement social et son exceptionnelle contribution à l’évolution de la société québécoise et, tout particulièrement, à la cause des femmes. Elle a notamment été la première récipiendaire du Prix du Québec Guy-Mauffette en 2011, distinction qui honore un parcours exceptionnel dans le domaine de la radio et de la télévision. En 2025, l’Université du Québec à Montréal (UQAM) lui décerne un doctorat honoris causa pour avoir profondément influencé les valeurs sociales liées à la sexualité et à l’intimité au Québec par son travail exceptionnel de communication et de sensibilisation.
https://histoire des femmes.quebec/pdf/BertrandJ.pdf
Fondation du Théâtre du Rideau Vert, premier théâtre permanent au Québec, par Yvette Brind’Amour et Mercedes Palomino, artistes et femmes d’affaires.