Femme politique et militante féministe, Thérèse Casgrain est membre fondatrice avec Marie Lacoste Gérin-Lajoie et Idola Saint-Jean, du Comité provincial pour le suffrage féminin au sein duquel elle joue un rôle de premier plan. Au cours des années 1930, Thérèse Casgrain anime la populaire émission Fémina à Radio-Canada qu’elle utilise comme tribune pour faire avancer la cause des femmes et lutter contre les injustices sociales et économiques. Véritable pionnière du mouvement des femmes québécois, sa lutte pour l’obtention des droits juridiques et sociaux des femmes l’amènera à s’investir sans relâche dans le combat pour le droit de vote des femmes et la réforme du Code civil tout au cours de sa carrière militante et politique.
L’Intersyndicale des femmes est créée par la CEQ, la CSN, la FTQ et la SPGQ afin d’organiser les premières activités entourant la Journée internationale des femmes le 8 mars. Au fil des ans, à ce rôle s’ajoutent ceux de produire des outils pédagogiques pour les syndiquées, déposer des mémoires en commissions parlementaires, intervenir dans les sphères médiatiques et politique dans l’optique d’améliorer les condition de travail et de vie des femmes, et d’atteindre une réelle égalité entre les hommes et les femmes et entre les femmes entre elles. L’histoire du syndicalisme québécois au féminin tout comme la mutation de la pratique syndicale dans son ensemble peuvent difficilement être dissociées de l’histoire des avancées du mouvement des femmes, mais l’inverse se vérifie tout autant.
Longtemps avant l’arrivée des Européens, les peuples autochtones occupaient l’ensemble du territoire des Amériques. Lorsque les Français arrivent en Nouvelle-France, ils y rencontrent trois grandes familles distinctes. Les Abénaquis, les Algonquins, les Attikameks, les Cris, les Malécites, les Micmacs, les Innus et les Naskapis qui forment la nation algonquienne; les Hurons-Wendats et les Mohawks, la nation iroquoïenne et les Inuits qui constituent un groupe ethnique distinct dont la quasi-totalité habite la région au nord de la Baie-d ’Hudson.
Chacune de ces Premières Nations entretient une conception du monde, possède une culture et une langue singulières et pratique un mode de vie qui leur est propre. Elles partagent cependant toutes la même unité de base, soit la famille dans laquelle, malgré l’existence d’une division sexuelle du travail bien établie, les inégalités de sexe sont nettement moins présentes que dans les sociétés européennes de la même époque. L’apport du travail des femmes autochtones est essentiel à la survie de ces sociétés et y est reconnu comme tel. En raison de leurs tâches et responsabilités, les femmes représentent le pivot de l’organisation sociale de leur tribu. Elles sont également les gardiennes des savoir-faire ancestraux, de la culture et des traditions. Les écrits laissés par les premiers explorateurs font d’ailleurs état, plus souvent qu’autrement sur un ton désapprobateur, de l’espace de liberté et du degré d’autonomie dont les femmes autochtones jouissent au sein de leur société respective, tout comme dans l’exécution de leurs tâches et l’exercice de leurs responsabilités spécifiques.
Chez les Iroquoiens, plus particulièrement, le mode de filiation matrilinéaire qui y est pratiqué permet aux femmes d’avoir un ascendant réel au sein de leur société. C’est leur nom qui est transmis aux enfants, ce sont elles qui détiennent l’autorité dans les maisons longues et qui gèrent les relations entre les membres du clan. Elles sont également appelées à jouer un rôle actif en périodes de guerre, alors que les Mères de clan ou Gontowisas, soit les femmes aînées, ont la responsabilité de nommer les chefs de village (les sachem).
Le contact avec la conception patriarcale des rapports hommes-femmes véhiculée par les colonisateurs européens, le bouleversement progressif de la culture et des modes de production traditionnels, l’effondrement démographique largement attribué à des ravage épidémiques et, éventuellement, l’instauration de l’ordre capitaliste industriel de même que la promulgation de lois explicitement discriminatoires à l’égard du statut d’Indienne dans la seconde moitié du XIXe siècle provoqueront, au fil des siècles, une dégradation substantielle de la condition des femmes autochtones. Page sombre de l’histoire, la loi sur les Indiens qui décrète, à partir de 1920, que tous les enfants autochtones du Canada doivent être placés dans un pensionnat autochtone au moins 10 mois par année et, par conséquent, arbitrairement séparés de leur famille, mènera sur plusieurs générations à la rupture des unités familiales et à la perte de sens du rôle maternel, tout comme à la déperdition des langues, des savoirs traditionnels, des valeurs, du patrimoine et des cultures. Outils d’assimilations et de contrôle en opération pendant plus d’un siècle, ces pensionnats autochtones vont également entraîner, pour plusieurs générations de leurs pensionnaires et leurs descendantes et descendants, de nombreuses et néfastes séquelles physiques et psychologiques à l’origine de la reproduction de problèmes sociaux sérieux dans plusieurs communautés.
Encore aujourd’hui, malgré les gains réalisés par les femmes autochtones lors de la réforme de la Loi sur les Indiens en 1995 et les luttes qu’elles poursuivent incessamment pour améliorer leur bien-être social, économique, culturel et politique, et mettre fin à la discrimination qu’elles subissent, des obstacles de taille tant culturels, économiques que politiques, ralentissent sinon freinent encore leur accès à la pleine réalisation de leurs droits, de leur dignité et de leur culture. La ligne du temps permet de faire apparaître et d’intégrer le rappel de ces mobilisations et de ces luttes dans l’histoire des femmes au Québec.
À 95 ans, Janette Bertrand n’abandonne pas le combat pour l’égalité hommes-femmes. Toujours attentive à l’actualité, elle publie à l’automne un nouveau roman, Un viol ordinaire, où elle aborde, dans la foulée de la vague de dénonciations qui a déferlé sur le Québec, les relations sexuelles non consenties au sein du couple.
Début de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA). La première phase de l’enquête, pilotée par la ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, accompagnée des ministres de la Condition féminine, Patricia Hajdu, et des Affaires autochtones, Carolyn Bennett, prévoit une consultation auprès des survivantes, des organisations autochtones ainsi que des familles et des proches des femmes autochtones disparues ou assassinées afin d’établir le mandat et les paramètres de la commission. Engagée dans un processus de « quête de vérité », l’Enquête se donne pour but d’examiner « les causes systémiques de toutes formes de violence à l’égard des femmes, des filles et des LGBTAB autochtones au Canada ». Qualifiée de processus de réparation et de reconnaissance, l’annonce même de cette enquête constitue un geste officiel important de reconnaissance du racisme, du colonialisme, du sexisme et de la violence systémique que subissent et dénoncent les femmes autochtones du Québec et d’ailleurs au Canada#
Le plus grand rassemblement féministe de tous les temps, La Marche mondiale des femmes en l’an 2000 contre la pauvreté et les violences faites aux femmes, suscite plusieurs manifestations locales, régionales et nationales à travers le monde. Au Québec, la Marche donne lieu le 14 octobre à la plus grande manifestation féministe de son histoire : plus de 40 000 personnes, en majorité des femmes, prennent part à des marches locales, régionales ou au rassemblement national, à Montréal. Points culminants des activités de la Marche, deux rassemblements regroupant respectivement 20 000 et 10 000 femmes venues d’une centaine de pays. Le premier a lieu à Washington le 15 octobre devant les sièges du Fonds monétaire international et de la Banque Mondiale et le second, le 17 octobre, devant le siège américain de l’ONU à New York.
Pauline Marois dote le Québec d’une nouvelle politique familiale afin de mieux soutenir les familles et répondre à leurs nouveaux besoins. Elle annonce la mise sur pied de services de garde à contribution réduite. Ce nouveau réseau sera mieux connu sous le nom de « garderies à 5 dollars » et aura un impact confirmé sur la présence des femmes
Le 6 décembre, à l’École polytechnique, quatorze jeunes femmes sont abattues par un tueur enragé qui leur crie : « Vous êtes toutes des féministes. Je hais les féministes! ». Le débat sur la violence faite aux femmes est avivé par cette tragédie. En 1991, le Parlement fédéral déclare le 6 décembre Journée nationale d’action contre la violence faite aux femmes.
Présentation de la pièce de Denise Boucher, Les fées ont soif. Les premières représentations de cette pièce, qui s’attaque de front aux stéréotypes sexistes, susciteront de vives réactions et contestations de la part des milieux conservateurs et religieux.
Après un premier Congrès des femmes noires du Canada, tenu à Toronto du 6 au 8 avril 1973, une seconde rencontre se tient à Montréal sur le thème « La femme noire et sa famille ».
La première National Lesbian Conference a lieu à Toronto. La discussion porte sur les stratégies de luttes lesbiennes à adopter, à savoir : s’organiser de manière autonome en tant que lesbiennes ou au sein des mouvements des droits des homosexuels et des femmes. Les conférences subséquentes ont lieu à Montréal en 1974 et à Ottawa en 1976.
Création du Conseil du statut de la femme par le gouvernement du Québec pour répondre aux pressions du mouvement des femmes. Laurette Champigny Robillard en est la première présidente. Le Conseil a le double mandat d’aviser le gouvernement et de faire la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes.
Pauline Julien, (1928-19098) surnommée « La Passionaria du Québec » reçoit le Grand Prix 70 de l’Académie Charles Cros pour son disque Suite québécoise entièrement consacré à des artistes québécois de sa génération. En 1985, pour son disque Où peut-on vous toucher?, l’Académie Charles Cros lui décernera une seconde fois le Grand Prix du Disque.
À l’occasion du 8 mars, le Front de libération des femmes du Québec (FLF) lance une campagne nationale en faveur du droit à l’avortement libre et gratuit.
Création d’un service de référence des femmes du Front de libération des femmes et du Montreal Women’s Liberation Movement.
Première femme québécoise à réaliser un long métrage Anne Claire Poirier avec De mère en fille pose un regard féministe et intimiste sur le rapport d’une femme enceinte à son corps, ses émotions et ses angoisses. Son film le plus connu, Mourir à tue-tête, mi-fiction, mi-documentaire, réalisé en 1979 s’attaque pour la première fois au Québec à un sujet considéré comme tabou: le viol
Le Québec adopte la Loi sur la capacité juridique de la femme mariée. À l’instigation de Claire Kirkland-Casgrain, la promulgation de la Loi 16, qui modifie les droits civils des femmes, met fin à l’incapacité juridique des femmes mariées et atténue la puissance maritale et l’autorité paternelle. La nouvelle loi donne aux femmes mariées la possibilité « d’agir sans l’autorisation de leur mari », alors que les époux sont dorénavant considérés comme des partenaires dans la direction morale et matérielle de la famille.
Le 16 octobre, les infirmières de l’Hôpital Sainte-Justine contreviennent à la Loi des relations ouvrières et débraient illégalement. Elles revendiquent l’amélioration de leurs conditions de travail et l’application de la formule Rand. L’impact de cette grève « illégale » qui durera trente jours a été déterminant sur l’organisation du syndicalisme au sein du réseau de la santé.
Entre 1955 et 1961, 580 des 1600 femmes antillaises arrivées au Canada dans le cadre du premier programme d’immigration de travailleuses domestiques s’établissent à Montréal après avoir rempli l’obligation de travailler pendant un an comme domestiques avant d’obtenir leur statut d’immigrante.
Premières subventions accordées aux collèges classiques pour filles, alors que ceux des garçons sont subventionnés depuis 1922.
L’avocate Claire Kirkland-Casgrain devient la première femme à siéger à l’Assemblée législative du Québec. Nommée ministre sans portefeuille l’année suivante, elle devient ainsi la première femme à siéger au Conseil des ministres. À titre de ministre, elle occupera plusieurs ministères dans le cours de sa carrière. Sa contribution à la défense des droits des femmes est particulièrement remarquable puisqu’elle est la marraine du projet de loi 16, Loi sur la capacité juridique de la femme mariée, qui reconnaît les femmes mariées comme des personnes juridiques autonomes, et de la Loi 63, qui propose la création du Conseil du statut de la femme. On lui doit également la création de l’ITHQ, la Loi sur les biens culturels et la création des premières réserves fauniques du Québec accessibles à l’ensemble de la population. Seule femme à siéger à l’assemblée nationale pendant 12 ans, ses réalisations et son engagement pavent la voie à la participation des femmes en politique. Après sa retraite de l’Assemblée nationale en 1973, elle sera la première femme nommée juge à la Cour provinciale. Elle sera aussi la première femme à obtenir des funérailles nationales au Québec.
Judith Jasmin s’impose comme grand reporter et devient la première Canadienne correspondante à l’étranger. Elle est également la première femme à faire du journalisme politique. Engagée dans plusieurs causes sociales, elle s’implique activement dans la création du Mouvement laïque de la langue française avec l’objectif de promouvoir la laïcité dans les institutions politiques québécoises.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, 28,2 % des Québécoises occupent un emploi salarié rapporte La Gazette du travail de janvier 1945, comparativement à 19,8 % en 1941, selon L’Annuaire du Québec.
Idola Saint-Jean est la première Québécoise à se présenter à des élections fédérales. Elle obtient 3000 voix dans le comté de Dorion-Saint-Denis.
Le Comité provincial pour le suffrage féminin devient La Ligue des droits de la femme à l’instigation de Thérèse Casgrain.
Déclenchement d’une grève générale dans des ateliers de vêtements de Montréal par 1 500 femmes, membres de l’International Ladies Garment Workers Unions.
https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/3235848
Une centaine de Guadeloupéennes et de Martiniquaises arrivent à Montréal pour travailler comme domestiques. Leur salaire est inférieur de moitié à celui des domestiques blanches. À partir de la fin du XIXe siècle, le recrutement d’aides-domestiques en maisons privées devient plus difficile en raison notamment des nouvelles opportunités d’emploi qui s’ouvrent aux Québécoises dans les manufactures, mais aussi dans les magasins et les bureaux. S’instaure alors progressivement une pratique d’embauche d’immigrantes provenant dans un premier temps de Grande-Bretagne, puis, au fil des décennies, d’Europe centrale, des Philippines et des Antilles.
Une première Gouttes de lait est fondée à Québec à l’initiative des Sœurs du Bon-Pasteur et du Dr René Fortier, premier professeur de pédiatrie à la Faculté de médecine de l’Université Laval. L’organisme distribue du lait de vache salubre et prodigue des conseils aux nouvelles mères concernant l’allaitement maternel et l’allaitement artificiel pour prévenir les maladies et la mortalité infantiles.
Publication par Marie Lacoste Gérin-Lajoie d’un ouvrage de vulgarisation du droit civil et constitutionnel, Traité de Droit usuel, pour aider les femmes à comprendre leurs droits et obligations. Elle publiera également La communauté légale (1927) et La femme et le Code civil (1929). Juriste autodidacte et réformiste sociale, Marie Lacoste Gérin-Lajoie est la première femme à obtenir une charge d’enseignement à la faculté de droit de l’Université Laval à Montréal. Ardente militante pour l’obtention du suffrage des femmes au Québec, elle cofonde, en 1907, la Fédération nationale Saint-Jean Baptiste et participe à la création du Comité provincial pour le suffrage féminin en 1922. En 1998, Marie Lacoste Gérin-Lajoie a été désignée comme « personnage historique d’importance nationale » par le ministère du Patrimoine canadien.
Création du Comité des dames patronnesses de la Société Saint-Jean-Baptiste, premier lieu francophone où seront formulées des revendications collectives pour l’amélioration de la situation des femmes québécoises, par Joséphine Marchand-Dandurand, Caroline Dessaulles-Béique, Marie Lacoste-Gérin-Lajoie, et Marguerite Thibaudeau.
https://histoiredesfemmes.quebec/pdf/Marchand.pdf
https://histoiredesfemmes.quebec/pdf/Beique.pdf
Embauchées dans le domaine de la téléphonie depuis 1880, les jeunes filles sont maintenant recrutées par les entreprises pour des postes de dactylos ou de commis à l’écriture. Elles doivent maîtriser l’anglais, la langue des affaires de l’époque.
Considérée comme l’une des grandes artistes du vaudeville québécois, Juliette Béliveau est présente sur la scène artistique québécoise pendant près de soixante-quinze ans. Elle fait ses débuts en 1899, à l’âge de dix ans, au Monument-National. À partir de 1930, Juliette Béliveau est de la distribution de nombreux feuilletons radiophoniques et, à partir de 1953, de celle de plusieurs téléromans. Elle participe également à presque toutes les premières productions du cinéma québécois. Pionnière de l’humour au féminin, ses blagues sur la vie quotidienne des femmes ouvrent la voie à l’avènement d’un humour féministe.
Le corps enseignant au niveau primaire se féminise, mais ce sont les hommes qui enseignent dans les classes supérieures et qui occupent les postes de direction. En éducation, à travail égal, les femmes ne touchent que 40 % du salaire des hommes.
Après avoir été soumise à l’humiliation publique, l’esclave noire Marie Josephe Angélique est pendue sur la place publique, le 21 juin, accusée d’avoir mis le feu à la maison de sa maîtresse Thérèse de Couagne pour se venger de celle-ci qui voulait la vendre pour l’empêcher de suivre son amant en Nouvelle-Angleterre. L’incendie prit une grande ampleur et détruisit 46 maisons, dont le couvent et l’Hôtel-Dieu.
Près de 800 Filles du Roy seront amenées en Nouvelle-France entre 1663 et 1673 afin de favoriser le peuplement de la colonie. Le terme Filles du Roy fut utilisé pour la première fois en 1698 dans un écrit de Marguerite Bourgeois pour désigner ces jeunes femmes, généralement d’origine modeste, envoyées en Nouvelle-France pour se trouver un mari et contribuer au peuplement de la colonie.
Jeanne Mance, arrivée à Québec le 8 août 1641, joue un rôle essentiel dans l’établissement de Ville-Marie. À son arrivée à Montréal, le 17 mai 1642, elle est accompagnée par Madame de La Peltrie et sa suivante, Charlotte Barré. Fondatrice de l’Hôtel-Dieu de Montréal, Jeanne-Mance est reconnue en 2012 comme cofondatrice de Montréal à l’égal de Maisonneuve.