Figure méconnue de l’histoire de la Nouvelle-France, Hélène Boullé incarne pourtant un symbole fort de la colonisation française, en tant que première épouse d’un gouverneur à s’établir dans la colonie. Malgré son rôle social et politique limité, son nom continue de résonner discrètement dans la toponymie québécoise. Îles, rues, écoles, parcs et bâtiments publics rappellent que la Nouvelle-France ne fut pas seulement une aventure d’hommes, mais aussi celle d’épouses dont la contribution, bien que souvent effacée, fut essentielle et profondément marquante. Hélène Boullé est unie à Samuel de Champlain, de vingt-huit ans son aîné, à l’âge de douze ans, dans le cadre d’un mariage arrangé assorti d’une dot considérable destinée à renforcer les alliances indispensables au projet colonial. Le contrat matrimonial précise qu’elle ne rejoindrait son époux qu’une fois en âge de le faire. Ce n’est qu’en 1620, à vingt-deux ans, qu’elle débarque à Québec, devenant alors la seule femme de haut rang dans une colonie encore rudimentaire. Son séjour en Nouvelle-France sera semé d’embûches. Les rares sources disponibles évoquent un profond choc culturel avec cette terre presque entièrement masculine ainsi qu’une cohabitation difficile avec Champlain, alourdie par leur écart d’âge, les absences prolongées du gouverneur et l’isolement de la jeune femme dans un environnement dans lequel elle peine à trouver sa place. Après quatre années passées en terre coloniale, elle retourne en France et n’y reviendra jamais. Bien que séparée de Champlain, elle continuera à gérer une partie de ses affaires depuis Paris. À la mort de ce dernier, en 1635, elle renonce à sa succession en raison de litiges juridiques. Dix ans plus tard, elle entre chez les Ursulines au monastère Sainte-Ursule de Paris, mais quitte bientôt cette communauté pour fonder un nouveau couvent à Meaux.

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