En février 1798, Charlotte Trim prend la fuite du domicile de sa maîtresse, Jane Cook, après une vingtaine d’années d’esclavage passées d’abord dans les Caraïbes, puis à Montréal. Rattrapée quelque temps après sa fuite et refusant de retourner chez sa maîtresse, elle comparait devant le juge James Monk, juge en chef de la nouvelle cour du banc du roi du district de Montréal. Alléguant un manque de clarté des lois, celui-ci décide de l’affranchir et annonce qu’il appliquera cette décision pour tout esclave fugitif comparaissant devant lui. Ce jugement renverse le rapport de forces entre propriétaires et esclaves et amène ces derniers, les uns après les autres, à quitter leurs maîtres. Le refus des tribunaux québécois de reconnaître qu’une personne puisse en posséder une autre contribue, en quelques années, à l’abolition de la pratique de l’esclavage sur l’île de Montréal, tant pour les personnes noires comme Charlotte Trim que pour les esclaves autochtones, surnommés communément les «Panis ».
Au cours de cette période, l’activité productive de la plupart des femmes se limite à la sphère familiale au sein d’une société dont l’économie repose encore largement sur l’agriculture. Cependant, ouvrières, travailleuses domestiques, commerçantes et institutrices sont progressivement appelées à s’adapter au contexte industriel et urbain naissant ainsi qu’à la transformation ethnolinguistique de leur société. C’est essentiellement pour leur contribution philanthropique et caritative à la mise en place d’un réseau d’assistance sociale que l’apport des femmes, tant protestantes que catholiques, sera retenu par l’histoire.